Raymond Borde naît le 28 août 1920. Il est décédé lundi dernier, le 20 septembre 2004 à Toulouse.
Critique de cinéma dans les années 1950, il écrit à la revue Positif, dont il est membre du comité de rédaction de 1954 à 1967. Il fait partie de ceux qui s'opposeront à la vision bourgeoise de Godart et Truffaux, alors les tenants de la Nouvelle Vague aux Cahiers du Cinéma.
Il fut l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur le cinéma (dont "Panorama du film noir américain" (1955), "Le néo-réalisme italien" (1960), des monographies consacrées à Harold LLoyd (1968 et 1974), Laurel et Hardy (1965) et Charley Bowers (1980 et 1987). Plus récemment, il avait publié "Les cinémathèques" (1983) et "La crise des cinémathèques" (1997) dans lesquels il exprime un point de vue plutôt pessimiste sur l'avenir du patrimoine cinématographique qui a pourtant, grâce à la profusion actuelle de films anciens, sur tous supports, donné raison aux champions de l'archive cinématographique dont il faisait partie. Il avait également écrit en 1963 "L'extricable" ainsi qu'un roman en partie autobiographique "Le 24 août 1939" (1995)). ==> Je n'en ai personnellement lu aucun...
Sensible aux problèmes de la conservation des films, Raymond Borde participe, en 1964, à la création de la Cinémathèque de Toulouse (devenue membre de la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF), dès l'année suivante), d'abord sous l'aile protectrice de la Cinémathèque Française . Il contribuera avec une énergie remarquable à l'enrichissement de ses collections. Très vite pourtant, il s'oppose au délégué de la Cinémathèque française, Henri Langlois, et donne toute son autonomie à la Cinémathèque de Toulouse. Il est ensuite un des adversaires les plus acharnés de Langlois, dont il conteste la gestion jugée trop poétique au nom d'une plus grande rationalité.
A la tête de la Cinémathèque de Toulouse, Raymond Borde se voue à la diffusion et à la conservation du patrimoine cinématographique. Il est membre du comité directeur de la Fédération internationale des archives du film de 1966 à 1990. Il concourt à faire de la Cinémathèque de Toulouse, la deuxième en importance après celle de Paris.
C'est donc un personnage d'importance du paysage cinématographique français qui disparait. Le maire de Toulouse ne s'y est d'ailleurs pas trompé dans son hommage :
"Les Toulousains sont profondément attristés par la disparition de Raymond Borde, fondateur de la Cinémathèque de Toulouse il y a 40 ans.
Personnalité forte de notre ville, écouté et reconnu dans le monde du cinéma, Raymond Borde a apporté à notre Ville le patrimoine inestimable que représente la deuxième cinémathèque de France. Homme cultivé, véritable historien du cinéma à travers ses nombreux ouvrages dédiés au 7ème art, Raymond Borde était l'humaniste généreux, au caractère affirmé que nous regrettons déjà.
Il disparaît au moment où les collections de la cinémathèque viennent rejoindre un lieu de conservation de grande qualité, marquant l'aboutissement de l'œuvre qu'il avait commencé dans les années 50.
J'adresse, au nom des Toulousains, à son épouse, et à sa famille, mes plus sincères condoléances."
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