Je reviens sur ma note concernant la prise de position d'UGC contre l'équipe du Méliès (UGC veut manger Méliès ! ou...).
Résumé :
Depuis plusieurs années, l'équipe du cinéma Le Méliès de Montreuil tente d'obtenir la possibilité de s'agrandir. Après une CDEC unanime obtenue en début d'année, UGC a déposé en juin un recours près le Tribunal Administratif avec pour motif un abus de position dominante et une violation des règles de la concurrence (!!!). Quelques jours plus tard (le 13 juillet), pendant les vacances d'été et alors que Stéphane Goudet (Directeur du Méliès) monte une pétition qui recueille les signatures des plus grands réalisateurs du monde (Theo
Angelopoulos, Solveig Anspach, Olivier Assayas, Jacques Audiard,
Catherine Breillat, Dominique Cabrera, Laurent Cantet, Leos Carax,
Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Jean-Pierre et Luc Dardenne,
Claire Denis, Arnaud Desplechin, Olivier Ducastel, Pascale Ferran, Abel
Ferrara, Jacques-Rémy Girerd, Philippe Grandrieux, Robert Guédiguian,
Hou-Hsiao-hsien, Alejandro Gonzales Inarritu, Benoît Jacquot, Jia
Zhang-ke, Abbas Kiarostami, Cédric Klapisch, Nicolas Klotz, Jeanne
Labrune, Isild Le Besco, Noémie Lvovsky, David Lynch, Tonie Marshall,
Dominique Moll, Murali Nair, François Ozon, Bruno Podalydès, Nicolas
Philibert, Carlos Reygadas, Francesco Rosi, Abderrahmane Sissako,
Bertrand Tavernier, Tsaï Ming-liang, Agnès Varda, Wim Wenders et Wong
Kar-waï…), c'est au tour du groupe MK2 (Marin Karmitz, vous connaissez, celui qui vient de rejoindre UGC au sein du GIE carte UGC illimité. Celui aussi qui a eu le bonheur de créer un réseau de salles de cinéma à Paris de très haut vol, reconnaissons-le) de tirer à boulets rouges sur le Méliès, pour les mêmes raisons indéfendables.
Derniers développements :
Alors que l'association Indépendants Solidaires et Fédérés (qui, autour d'Utopia, regroupe une dizaine de salles d'A&E indépendantes) demande la mise en place d'un "Grenelle de l'exploitation" qui fixerait les droits et devoirs respectifs des salles publiques et privées, espérant secrètement que les recours d'UGC et MK2 portent leur fruit contre ce qu'ils estiment être "une dérive de plus en plus délirante dans le financement public des salles", ou encore contre la transformation "d'un cinéma
public de bonne tenue en compétiteur dans "la cour des grands", ces derniers semblent oublier qu'ils bénéficient pourtant, dans la plupart des cas, de "subventions d'équilibre" qui leur permettent de survivre !
L'association surenchérie pourtant en stigmatisant "Cette politique
[...] car elle s'inscrit dans une dérive de plus en plus
délirante des collectivités locales". Mais dans ce cas, pourquoi Christine Albanel (notre Ministre de la Culture et de la Communication) aurait-elle pris fait et cause pour le cinéma municipal d'art et essai en général et Le Méliès en particulier, en annonçant son intérêt pour le cinéma subventionné et sa volonté de voir se conclure bientôt la mission de réflexion sur le droit de la concurrence dans le cinéma (rappelons que si près de 20% des exploitants relèvent du droit public, ils captent moins de 2% des recettes de l’ensemble de l’exploitation)? Pourquoi aurait-elle conclue son annonce (et je partage totalement son avis), lors des 17es Rencontres cinématographiques de la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs (ARP), samedi dernier, par un définitif :
"Sans aides publiques, il ne peut pas exister de cinémas nationaux en Europe" ?
Enfin, ne peut-on pas admettre que sans les accords passés avec l'UE sur ce que l'on appelle communément "l'Exception Culturelle", notre cinéma national n'en serait pas là où il en est aujourd'hui, c'est à dire à un niveau que nous envient tous les autres pays du monde (nombre de salles, nombre de films produits, nbre de films distribués, nbre de films exportés,...)?