Un tout petit peu d'histoire du cinéma (j'chuis mauvais en histoire !):
La propagande au cinéma est presque aussi ancienne que le cinéma lui-même. Quasiment aussi loin que les premiers films sociaux (les films de la révolution bolchévique ou les films de Murnau et de Pabst sur la crise économique allemande dans les années 20), les "grands" (?) de ce monde ont tenté de politiser ce média de masse (Le Front Populaire dans les années 30, Maurice Thorez, alors responsable du Parti Communiste voyant d'un bel œil les films de René Clair, Renoir ou encore de Duvivier, emplis d'une réelle préoccupation sociale de gauche).
En parallèle à ces préoccupations sociales, apparait l'instrumentalisation des films par le pouvoir, en particulier par Staline (qui nationalisera l'industrie cinématographique en Russie), Hitler, Mussolini, voire Franco. Ces 3 tenants dictatoriaux n'hésitent pas à susciter des films clairement manipulateurs, propagandistes et partisans d'une idéologie, cherchant à galvaniser les foules (vive la patrie et le travail) ou les exhortant à la lutte contre "l'ennemi" (le Communisme, la décadence -?-, les semites).
A l'opposé de la propagande étatique, René Clément propose en 1946 un film à la gloire de la Résistance Française, dont le propos est cependant clairement l'identification de chacun au combat contre l'ennemi extérieur. Ce film, La Bataille du Rail, fut d'ailleurs produit avec le concours du Conseil National de la Résistance.
Par la suite, l'art reprend ses droits et un vent de liberté souffle sur toutes les cinématographies mondiales, les profonds bouleversements politiques et sociaux entrainant une indépendance d'esprit militant qui ne dépassera pas les années 90.
L'actualité :
Il faudra donc attendre 2007 et l'élection de Nicolas Sarkosy pour voir réapparaitre un semblant de propagande dans les salles de cinéma. Effectivement, dès son élection, le Président annonce qu'il demandera à son Ministre de l'Education Nationale de faire faire lecture de la lettre de Guy Moquet (vue chez Laurent ) à tous les lycéens chaque année.
[APPARTE: l'opération doit avoir lieu cette année le 22 octobre, en même temps que le Président rendra hommage au jeune résistant de 17 ans fusillé par les Allemands (mais des voix s'élèvent à la lecture de la circulaire qui, bien que ne prévoyant pas de sanctions pour les enseignants récalcitrants refusant de se soumettre à cette lecture, se termine par un cinglant :"J’invite les chefs d établissements à adresser, à titre d’information
et à fins de valorisation, copies ou descriptifs de leurs projets à la
direction générale de l’enseignement scolaire [...] Je remercie l’ensemble des équipes éducatives de s’associer à cette
commémoration et je demande aux corps d’inspection territoriale de
suivre avec attention les modalités de sa mise en œuvre.")].
Il ne semblait pas prévu d'autres développements de "l'affaire".
Cependant, pour en revenir au titre de cet article, la Fédération Nationale des Cinémas Français (la FNCF) a validé une opération pour la majeure partie des salles de cinéma françaises qui devront diffuser un court-métrage de 2'20", après les bandes-annonces et avant les films, pendant la prochaine semaine cinématographique (du mercredi 17 au mardi 23 octobre), intitulé LA LETTRE DE GUY MOQUET et dans lequel le jeune résistant (Jean-Baptiste Maunier), depuis sa geôle, rédige son dernier courrier tout en le pensant à voix haute. A noter qu'en dehors des salles de cinéma, les chaines publiques (France 2, France 3, TV5 Monde et LCP-Assemblée nationale) diffuseront également cet hommage.
Alors, propagande ou pas, sachant que l'on peut se demander si un Président de la République peut se permettre d'instrumentaliser ainsi les émotions et les symboles à des fins de patriotisme. A ce titre, que penser de la lecture qui a été faite aux Rugbymen Français de cette lettre par le staff au démarrage de la dernière coupe du monde ? Quel symbole...