Note de Niala01 :
Pascal Alquier est un collaborateur régulier de Milan Presse (Les Clés de l'Actualité (notamment auteur d'un dossier consacré à la planète Mars en 1999), Pyrénées Magazine et Julie).
Correspondant du Point à Toulouse, il est aussi co-auteur de Midi-Pyrénées région Passions
(Editions Milan), La Haute-Garonne (Editions Privat), Le dictionnaire
de Toulouse (Editions Loubatières). Il habite à Toulouse. Il est donc
une plume toulousaine...
Où est-ce que je veux en venir ?
Ah
oui, je veux l'obliger à collaborer au Blog par le biais de
contributions liées aux venues des talents sur Toulouse. Il m'a dit de
longue date qu'il faudrait qu'il s'y mette, qu'il participerait bien,
mais...il tarde. Alors, forçons un peu... et tentons de le persuader de continuer en produisant une interview de Danny Boyle recueillis par les soins de Pascal Alquier, plus d'1 an après sa dernière contribution concernant la venue de Michaël Youn à
Bordeaux, le 31 janvier 2006, pour la sortie de son film Incontrolable :
Le réalisateur de Petits meurtres entre
amis,
Trainspotting,
La Plage,
28 Jours plus tard…
évoque la sortie de Sunshine son film de science-fiction basé sur la fin de
vie du Soleil.
Le film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de
l’espace est-il la référence suprême
en matière de science-fiction ?
Vous ne pouvez pas éviter la référence, c’est comme un
fantôme qui vous hante : j’avais l’impression que Kubrick ou Tarkovski
(réalisateur, en 1972, de la première version de Solaris, ndr) étaient là pendant le tournage et qu’ils
étaient en train de discuter ! Par exemple nous avons eu un débat sur la
combinaison à choisir : est-ce qu’il fallait rester fidèle à la combinaison de
la NASA ou changer… Je crois qu’on ne peut pas faire ce genre de films sans être
empreint du passé et de leur expérience donc finalement c’est un corridor assez
étroit dans lequel on s’engage mais, malgré tout avec plaisir.
Vous étiez pressenti pour la réalisation du deuxième
volet de la « série » Alien, tourner un film comme
Sunshine est-il un
succédané ou un aboutissement ?
J’ai été impliqué dans la réflexion d’Aliens mais à l’époque je n’avais pas assez de
connaissances techniques et je pense que je manquais d’expérience. Là j’ai
acquis cette expérience donc c’était plus facile de revenir dans le style de la
science-fiction et il faut aussi dire que les effets spéciaux sont beaucoup plus
faciles à manier qu’à l’époque donc je me sens plus à l’aise aujourd’hui et
grâce à ce film j’ai pu avancer.
Le premier Alien est-il un modèle de film de
science-fiction pour vous ?
Oui c’était un film étonnant, extraordinaire et le public a
commencé à respecter le producteur de SF avec un film comme le premier
Alien comme Blade
Runner qui à l’époque a été perçu comme
trop commercial, trop violent, trop marketing. Et finalement je crois que ces
films ont gagné le respect du public. Et il y a trois références, on ne peut pas
faire un film de SF sans penser à ces références. Ce qui n’est pas la même chose
avec un thriller par exemple : Hitchcock est une référence mais pas tout le
temps. Mais en SF on est obligé de reconnaître le savoir faire de gens comme
Ridley Scott dans ses films…
Sunshine
se déroule en 2057 et aborde le sujet de la fin de vie du Soleil, une thématique
pas si éloignée des préoccupations environnementales
actuelles…
Nous avons commencé le film il y a trois ans, on parlait
déjà des problèmes touchant le climat à l’époque mais nous avons voulu nous
écarter de cette thématique du réchauffement climatique. On voulait faire un
film sur la science parce qu’elle est extraordinaire : grâce à elle on a inventé
la bombe atomique donc la science peut être dangereuse mais elle peut nous
sauver aussi. Aujourd’hui, le réchauffement climatique intéresse tout le monde
on l’a vu avec le succès du film d’Al Gore, même George W. Bush commence à
prendre conscience des problèmes !
En dehors de la science, le film ne porte-t-il pas sur
la promiscuité et l’enfermement subis par toute expédition
spatiale ?
Ce n’est pas seulement un film sur la science
effectivement. La pression psychologique et cette responsabilité qui repose sur
leurs épaules car ils doivent sauver l’humanité c’est vraiment très important.
Finalement, c’est une mission suicide et nous savons dès le départ qu’ils ne
rentreront jamais chez eux. La plupart des films hollywoodiens se terminent
toujours bien mais là ce n’est pas le cas. Quand j’ai vendu le film aux acteurs
la première fois je leur ai demandé de se questionner sur leur sentiment s’ils
se rapprochaient réellement de cette étoile extraordinaire donc c’est vraiment
également l’intérêt de ce film, la psychologie…
Le thème central du film est l’action bénéfique de la
science mais qu’en est-il de celui de la religion ?
Le rapprochement avec la religion est évident : des
générations ont toujours admiré et remercié le soleil qui donnait la vie comme
Dieu. Grâce aux effets spéciaux, j’ai pu décrire le Soleil, donner cette forme
mais finalement ma description initiale était liée à une approche chrétienne ou
même païenne mais quoi qu’il en soit il faut représenter le soleil. On le voit
avec le film de Mel Gibson (Apocalypse)
il y a ce sens de sacrifice avec le Soleil mais malheureusement l’invention de
l’électricité nous a éloigné de lui, nous avons le sentiment d’avoir perdu notre
dépendance vis à vis de lui, on a la lumière et on ne remercie plus le Soleil.
Je pense que ce film véhicule des valeurs plus basiques. Et aujourd’hui quand on
regarde la cinématographie on s’aperçoit qu’aucun film n’a été fait sur le
soleil.
Quelle préparation a été nécessaire pour rendre le
voyage dans l’espace vers le Soleil crédible ?
Nous avons fait d’énormes recherches basées sur les travaux
de la NASA, des expériences avec des scientifiques… Parce que les acteurs qui
arrivent sur un tel tournage sont dans leur bulle à penser à leur carrière, à
leur cachet et le rôle d’un réalisateur est de faire exploser cette bulle pour
que l’acteur soit vraiment dans le film. Il a donc fallu être très au point pour
qu’il se passe quelque chose. Nous avons ainsi organisé une période pour que
tout le monde cohabite et s’imprègne dans des simulateurs de vol à Heathrow par
exemple et à un moment ils ont été prêts pour se lancer dans l’aventure.
Qu’est-ce qui vous amené à la science-fiction ? Votre
rencontre avec le scénariste Alex Garland ou votre premier film Alien
love triangle ?
J’aime la science-fiction. Beaucoup. Je ne suis pas un
grand fan de Star Wars ou Star
Trek mais plutôt de
Contact, Alien, 2001
évidemment, ce genre de films… Je préfère une science-fiction qui soit la vraie
et pas celle des Star Wars ou
Star Trek donc c’était très
intéressant pour moi de travailler sur un tel projet. En même temps on peut
établir un lien entre Petits meurtres entre amis et Sunshine puisque finalement ils doivent voter à un moment
donné pour savoir qui ils doivent éliminer. Même si, finalament, dans
Sunshine le vote est beaucoup
plus réaliste.
Sunshine
vous a-t-il donné le goût de vous impliquer dans une autre aventure de
science-fiction ?
Jamais de la vie !! Je ne retournerai pas dans l’espace !
C’est le plus grand cauchemar que vous pouvez imaginer ! (rires) Pour deux
raisons : parce que nous sommes confinés dans un vaisseau et limités dans le
choix. Quand vous partez dans un vaisseau il ne faut rien oublier et quand vous
vous lancez dans une aventure comme ce film c’est un peu la même chose, vous
n’avez pas la possibilité d’inventer à la dernière minute. À ce sujet, j’aime
beaucoup ce que disait Renoir : sur un plateau de tournage il faut toujours
laisser une porte pour que la vie rentre sur le tournage et là ce n’était pas du
tout le cas, c’était très intense, claustrophobe… Deuxième exigence : les normes
sont tellement élevées pour ce genre de film ! La personne qui va regarder votre
film ne sera pas indulgente, la moindre faille sera impardonnable alors que dans
une comédie ça passera. En science-fiction, le niveau d’exigence est très
élevé.
Les acteurs ont-ils vécu le même
cauchemar ?
Non, ils sont restés dans leur bulle. Ils jouent le film et
changent de tournage donc ça n’a pas été aussi intense pour eux… Lorsque vous
finissez le tournage les acteurs partent et il reste encore beaucoup de choses à
faire, montage, effets spéciaux, post production… imaginez ça prend un an !
comme si vous envoyiez un escargot de Paris à Toulouse, ça prend beaucoup de
temps.
Alors que vous nous aviez habitués à de l’humour noir
dans vos autres films, dans Sunshine tout est très sérieux et
cadré…
Il y a certaines règles que l’on ne peut changer dans
l’espace et dans les films de SF : pas d’humour, pas de sexe, pas d’amour. Nous
avons essayé… le seul film dans lequel il y a de l’amour c’est 2010 (la suite de 2001, l’Odyssé de
l’espace, ndr) mais ça ne marchait pas
vraiment. Autre chose, dans ce film tout va très lentement donc il est très
difficile de tourner ces scènes même si on a essayé d’impliquer les acteurs. Ce
qui est très intéressant et amusant c’est que des recherches sont menées par les
scientifiques de la NASA : ils font des tests avec du sperme de cochon pour voir
si ce sperme peut être fécondé dans l’espace. Ils préparent l’avenir des hommes
et des femmes qui vont vivre dans l’espace.
L’interdiction de Sunshine aux moins de 15 ans en
Grande-Bretagne vous a-t-elle surpris ?
Ils ont même parlé de l’interdire aux moins de 18 ans non
pas à cause de la violence mais à cause de l’intensité du film. Finalement ça a
été une sorte de récompense pour moi parce que c’est justement ce que je voulais
faire avec ce film, je voulais le rendre extrêmement intense un peu comme
Apocalypse de Mel Gibson…
Adolescent, la science-fiction était-elle déjà
importante ou avez-vous découvert le genre plus
tardivement ?
J’étais très fan de 2001 ou d’Alien et je me souviens d’un article dans un journal
américain qui disait que lors de la sortie d’Alien aux Etats-Unis, des ambulances attendaient devant
les cinémas parce que les gens étaient très secoués par le film. C’était une
bonne astuce marketing pour nous faire aller voir le film., je trouvais ça
génial ! (rires)
Voila ; Je ne sais pas ce que vous en pensez en tant que lecteurs des CinéTribulations, mais je trouve ça qualitatif et je pense que ce genre d'article a largement sa place sur ce blog. Alors, Pascal, tu en écris d'autres, des articles pour CinéTribulations ?
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