COMMUNIQUE DE PRESSE Utopia/ABC (librement commenté par Niala01-libre et indépendant) :
Les cinémas d'Art et essai sont plus fragiles que jamais (certains oui, mais pas tous, surtout pas Utopia qui deviendra le second circuit de l'agglomération Toulousaine devant CGR et UGC dès lors qu'ils auront refaits le complexe du centre-ville et ouvert leur 3ème complexe toulousain à Balma - sans compter leurs autres salles en France). L'abondance de spectateurs pour quelques films, pour quelques salles, ne saurait cacher que le marché n'évolue pas dans un sens qui leur est favorable.
Les multiplexes ont fleuri aux quatre coins de l'hexagone. Les circuits (UGC, Gaumont, Pathé) multiplient le nombre de leurs écrans, rivalisent entre eux, tentent de s'attacher un public "captif" en inventant des "cartes illimitées", piochent dans des programmations qui jadis ne les intéressaient guère (la seule chose qui intéresse toutes les salles de cinéma, y compris l'ABC et Utopia, c'est de faire des entrées, normal que les circuits s'intéressent donc à certains films), dans le but d'améliorer leur image ( ? - il me semble que l'image de certains circuits est excellente et qu'elle n'a pas besoin d'être améliorée, juste "sans cesse confirmée") et convaincre les spectateurs qu'ils sont "tout le cinéma" et qu'il n'est plus besoin d'aller chercher ailleurs (c'est une certaine vision des choses qui ressemble fort à une attaque envers les circuits et je ne partage pas ce constat : De plus en plus de films sortent chaque année en France et les salles classées Art et Essai n'ont pas la capacité d'absorber tous les films; Il est donc logique que les circuits jetent un oeil sur TOUS les films, de façon à avoir parfois une programmation idéale).
Les dommages collatéraux de cette guerre économique sont les difficultés, de plus en plus grandes, des indépendants pour se procurer des copies de films art et essai "d'un bon potentiel économique" : ce n'est pas tout de faire une programmation de films passionnants, encore faut-il pouvoir de temps en temps, programmer le film de qualité qui bénéficie d'une médiatisation plus large, d'une reconnaissance consacrée par quelques lauriers. Ce qui est un moyen d'attirer l'attention des spectateurs et de les entraîner vers des chemins moins balisés, tout en trouvant un équilibre financier qui garantisse la survie et l'indépendance des salles (Les conditions de projection étant ce qu'elles sont, à film identique, les salles Art et essai ne pourront que rarement lutter à armes égales avec les derniers multiplexes. Je ne vois pas pourquoi les clients patiraient de cette situation en devant se contenter de projections de qualité moyenne pour un certain "genre" de film. D'autre part, il est vrai que même si l'accès à certains films devient plus difficile pour les indépendants, les multiplexes ne pourront jamais tout projeter et les salles Art et essai ont leur rôle à jouer. Personnellement, je ne serais jamais devenu ce que je suis si je n'avais pas vu, étant étudiant, les films que j'ai vu dans des salles qui, aujourd'hui, n'existent certes plus mais qui, classées Art et essai, projetaient des films du répertoire et des films Recherche. Je pense qu'au delà de la recherche de la rentabilité, les salles classées Art et Essai ont un rôle très important à jouer en terme d'animation et de découverte du patrimoine mondial du cinéma par le biais du bénévolat et des aides directes -soutien automatique à l'exploitation* - et indirectes - aide sélective* -).
Les conditions de production des films ont également un impact sur l'avenir des cinémas indépendants. Plus d'argent pour moins de films : les financements, pourtant en progression, se concentrent sur les films dits (ou espérés) "porteurs"(C'est partiellement vrai, les budgets moyens explosent, les devis les plus importants sont en augmentation constante d'une année sur l'autre, mais le nombre de films produits et distribués en salles en première exclusivité ne diminue pas !), films qui le plus souvent ne seront pas programmés dans les salles art et essai (C'est, là aussi, partiellement vrai. Les efforts d'investissements des circuits dans les multiplexes nécessitent en effet des films porteurs frais. Cependant, rien n'empêchent les continuations de ces films "porteurs" au sein des salles indépendantes, si ces dernières le désirent.Par contre, sans vouloir être ironique, certains exploitants indépendants désireraient obliger les Distributeurs à choisir en leur faveur des revenus moindre sous pretexte que leur salles sont classées Art et Essai ? Certaines salles auraient-elles le monopole de certains films ? NON !).
Ainsi les cinémas indépendants, fragilisés, sont de moins en moins nombreux, ou ne tiennent souvent qu'avec le soutien de subventions publiques (seul compte le nombre de films projetés et donc le nombre de salles actives et donc, in fine, le nombre de spectateurs dans les salles chaque année. Si l'on écoute certains exploitants, alors les choses ne doivent pas bouger, pas évoluer, stagner. Si les exploitants n'avaient pas misé sur l'amélioration des conditions de projection, alors il n'y aurait pas presque 200 millions de spectateurs dans les salles, mais surement 100 millions de moins. Et celà encore plus au détriment des salles et donc du nombre de films diffusés et donc de l'art et essai...Je pense d'ailleurs qu'au niveau national, l'action d'Utopia et de MK2 est remarquable).
L'ABC, Utopia, font partie des cinémas indépendants classés au niveau le plus significatif de l'Art et essai par une commission du Centre National de la Cinématographie qui se réunit chaque année, tous deux avec les labels "Recherche et découverte", "jeune public", voire "Répertoire et patrimoine" (et heureusement que vous existez, l'Utopia, l'ABC, et aussi toutes les salles indépendantes, pour votre capacité à justement projeter des films invisibles ailleurs !). Si ces salles ont leurs caractéristiques propres, issues de leur histoire respective, si leurs images diffèrent, marquées par leurs choix éditoriaux et les personnalités de celles et ceux qui les animent, elles n'en partagent pas moins une communauté de culture et de motivation : c'est le même cinéma que nous défendons, un cinéma ouvert à toutes les découvertes, à toutes les réflexions, aux cinématographies du monde.
Nous avons donc décidé, pour nous renforcer mutuellement et marquer notre solidarité, de mettre en commun nos abonnements (Ca, c'est une très bonne idée). Les spectateurs pourront ainsi, le plus souvent possible, faire le choix de l'indépendance : à partir du 18 mai, les abonnements de l'ABC seront acceptés à Utopia, et ceux d'Utopia à l'ABC (et dans le même temps, ironie quand tu nous tiens, sort dans les multiplexes...Episode III).
Utopia fermant pour trois mois, afin de réaliser des travaux de rénovation, les spectateurs du centre ville de Toulouse pourront donc continuer à utiliser leurs abonnements à l'ABC et à Utopia Tournefeuille.
Nous diffusions déjà nos programmes respectifs, nous renforcerons cette information commune et inciterons vivement les spectateurs, chaque fois qu'un film est proposé dans plusieurs cinémas, à faire le choix de l'indépendance (Pourquoi, chaque fois qu'un film est proposé dans plusieurs cinémas, vouloir inciter, donc quasi-forcer le spectateur à faire le pseudo choix de l'indépendance - en quoi UTOPIA serait indépendant ? -, quand l'un des critères le plus important est le prix de la place?).
Les cinémas Utopia et ABC
(Alain ROBERT)
* Le fond de soutien à l'exploitation :
Soutien Automatique à l'Exploitation : La recette guichet des salles de cinéma génèrent un soutien financier proportionnel au montant de la taxe encaissée sur le prix du billet, selon un barème qui privilégie les petites et moyennes exploitations (Pathé, Gaumont, Ugc et CGR reçoivent proportionnellement moins de soutien que l'ABC. De mémoire, Gaumont avait été "obligé", en plus, pour obtenir la CDEC sur Labège, d'accorder une part supérieur de son soutien à Utopia). Le soutien est destiné à financer des travaux d'équipement et de modernisation ainsi que les créations de salles. En 2003, les montants débloqués pour le financement de travaux se sont élevés à 48 M€ dont 33,5 M€ sous forme d'avance. Parmi les 602 dossiers traités, 450 concernent l'enregistrement et la prise en compte de 130 M€ de nouveaux travaux. Certaines années, ce Soutien Automatique est renforcé par des "plans" spéciaux (voir plus bas, "l'aide sélective"), tels ceux sur le son (qui avait permis aux petits exploitants et aux indépendants de s'équiper en Dolby SR à moindre frais il y a quelques années) et sur l'informatique (qui doit permettre à tous les exploitants de s'équiper de caisses informatiques pour faciliter la remontée de la recette, mais c'est une autre histoire).
Aide sélective à l'exploitation en salles : des subventions sont accordées pour favoriser la création et la modernisation de salles dans des zones insuffisamment desservies, principalement en zones rurales ou à la périphérie des grandes villes. Elles peuvent également aider à réaliser des projets dans les départements et territoires d'Outre-mer.
En 2003, 72 projets (172 écrans et 3 circuits itinérants) ont été aidés pour un montant de 8,5 M€, soit 15 % des dépenses de travaux engagés par les demandeurs. En 2003, 972 établissements ont été classés Art et Essai et ont bénéficié d'une subvention globale de 11,2 M€. En outre, 39 salles parisiennes et 11 salles de grandes villes de province ont bénéficié d'un soutien dans le cadre de la procédure d'aide aux salles maintenant une programmation difficile face à la concurrence, pour un montant total de 2,3 M€.
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