La note de ce blog qui a le plus de commentaires concerne Luc Besson (qui a dit : il fallait sans douter ?!!). Elle date du 20 janvier....2004 et porte spécifiquement sur la Cité du Cinéma.
On en reparle aujourd'hui, car le projet semble définitivement s'ancrer dans le futur proche du paysage cinématographique français, même avec un peu de retard.
Effectivement, le permis de construire de la première tranche de la Cité du Cinéma a été déposé le 23 décembre 2004 (environ 6 mois de retard dûs essentiellement à un changement de bureau d'architectes) à la mairie de Saint-Denis (le permis est en cours d'instruction, l'enquête publique doit durer un an car il faut déplacer des lignes électriques - 24 à 30 mois de travaux seront nécessaires), tel que l'explique Geneviève Salinier, chargée du projet au sein d'Europacorp.
Sont prévus neuf plateaux de tournage de 600 à 2100 m2 (notons une augmentation du volume initial, qui ne prévoyait que huit plateaux de tournage de 400 à 1 000 m2), des ateliers de décors, de maquillage, de costumes, des salles de montage, de mixage, 14 000 m2 de bureaux, des restaurants...pour un investissement total de près de 140 M€ (contre environ 100 M€ il y a 1 an - le coût du chantier seul est estimé entre 70 et 100 millions d'euros).
Si Geneviève Salinier estime que "En France, l'offre est aujourd'hui très dispersée. Il existe de nombreux lieux de tournage qui sont peu adaptés aux besoins des grosses productions (surtout américaines)" pour expliquer le concept de cette cité dans l'attente de l'arrivée de différentes sociétés sur le site (pour l'essentiel des sociétés spécialisées dans les industries techniques du cinéma comme Eclair, Transpalux, Technovision ou Buf Compagnie), des voix s'élèvent pourtant timidement en opposition au projet (merci au quotidien Le Monde):
- Thierry de Segonzac, coprésident de la Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia (Ficam), reste extrêmement prudent vis-à-vis du projet de Luc Besson. S'il loue cette initiative, il déplore que la filière professionnelle n'ait jamais été consultée.
- "Aujourd'hui, on ne manque pas de plateaux en région parisienne", affirme Philippe Gerber, gérant des studios Sets de Stains, où ont été notamment tournés Triple Agent, d'Eric Rohmer, Le Temps retrouvé, de Raoul Ruiz, ou L'Enquête corse, d'Alain Berberian. "Faire venir les Américains pour qu'ils tournent à Paris, c'est une tarte à la crème. Ils viennent tourner en extérieur, à la tour Eiffel ou au Sacré-Cœur, mais c'est chez eux qu'ils font du studio."
- "Il existe 50 000 m2 de studios disponibles pour le cinéma en banlieue parisienne", renchérit Pascal Bécu, directeur des studios de Bry-sur-Marne et d'Arpajon (filiales de la SFP). "Si les tournages de films sont délocalisés, ce n'est en rien un problème de sites, mais uniquement de coûts", analyse-t-il.
- Toujours d'après Le Monde, plusieurs investisseurs potentiels doutent de la viabilité du projet.
Alors, rentable ou pas rentable ? Viable sous quelles conditions ? Plan mégalomaniaque de celui qui aimerait devenir le premier producteur Français à disposer de ses propres studios à l'américaine et de ses outils techniques ou au contraire plan réaliste d'un visionnaire quasi-toujours en phase avec son marché depuis 20 ans ?
Réponse finale prévue en 2007 !
Mais faudra alors compter avec trois autres très gros projets :
- Un en Espagne, près d'Alicante, financé par les régions autonomes, qui vient de débaucher une partie des dirigeants de Pinewood
- Un deuxième aux Etats-Unis, dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, où Doug Steiner a lancé un chantier de cinq studios de plus de 1 500 m2 pour tenter de détrôner Los Angeles.
- Et un troisième, gigantesque, en Hongrie, orchestré par le producteur hollywoodien Andy Vajna.
Bon courage, Luc
(merci à Nicole Vulser du quotidien Le Monde)