Reçu par courriel, La question de Aragorn :
"Je voulais savoir, au cinéma qui décide des Bandes Annonces que l'on voit avant le film ?
Et pourquoi au cinéma Wilson, il y en avais si peu ? (en moyenne 2)
Alors qu'a Labege, il y en as bcp plus (en moyenne 4-5)?
N'est il pas le principal moyen de faire revenir les gens ?"
Ma réponse :
Il y a 2 questions, donc 2 réponses.
1) Il existe un accord TACITE entre les Distributeurs et les Exploitants. En effet, un distributeur verrait d'un mauvais oeil que l'on ne passe pas la bande-annonce (qui est effectivement un formidable moyen de promotion, au même titre que l'affichage dans les halls) d'un de ses films dans un multiplexe qui doit passer le film lorsqu'il sortira. L'exploitant serait stupide, quand à lui, de ne passer que le strict minimum de bandes-annonces. In fine, c'est quand même l'Exploitant qui décide. Ce postulat de départ posé, il faut cependant tenir compte de plusieurs éléments:
- Du type de programmation du site, qui va conditionner le type de B.A..( Il y aura au choix plus de B.A. en Version Originale, plus de B.A. de films pour enfants, plus de B.A. de films "art et essais,...)
- Du type du film dans une salle particulière (Pour grossir le trait, imaginons la réaction d'une mère de famille emmenant ses enfants de 6 et 7 ans à Harry Potter voir devant le film une bande-annonce de L'Armée des morts).
- Enfin, du temps disponible pendant la séance, et c'est la réponse à ta deuxième question :
2) Comme tu l'as si bien remarqué, le nbre moyen de B.A. au Gaumont Wilson est bien inférieur à celui du Gaumont Labège. Et il en est de même entre tous les cinémas à "horaire fixe" et ceux à "horaires décalés".
Pourquoi?
Tout simplement parce que les séances étant rapprochées le plus possible sur les sites à "horaires décalés" (dans le but louable de rajouter une séance par rapport aux sites à "horaire fixe", de façon à augmenter l'offre), elles sont plus courtes. Et le seul élément de la 1ère partie (composée des B.A., de la Médiavision, des bandes promo internes et de l'entracte d'avant film) qui puisse être compressé est la partie bandes-annonces. CQFD. A contrario, dans les multiplexes à "horaire fixe", il peut être bon de rajouter des B.A. pour remplir le temps d'attente entre les séances, les inter-séances (temps variable entre chaque séance pendant lequel il n'y a rien sur l'écran) étant généralement beaucoup plus long que dans les sites à "horaires décalés".
Démonstration par l'exemple :
Prenons un film "a"
Durée du film : 105mn => 1h45
Horaires décalés :
Les Séances : 11:00 - 13:40 - 15:45 - 17:50 - 19:55 - 22:00
Début Film : 11:15 - 13:55 - 16:00 - 18:05 - 20:10 - 22:15
Fin du Film : 13:00 - 15:40 - 17:45 - 19:50 - 21:55 - 00:00
Inter-séance: 5 mn entre chaque séance à partir de la deuxième.
Horaires fixes : généralement ==> 11h/14h/16h45/19h30/22h15
Les Séances : 11:00 - 14:00 - 16:45 - 19:30 - 22:15
Début Film : 11:15 - 14:25 - 17:10 - 19:55 - 22:35
Fin du Film : 13:00 - 16h05 - 18:55 - 21:40 - 00:20
Inter-séance: de 35 à 40 mn entre chaque séance à partir de la deuxième.
Explications :
Comme on peut le voir dans l'exemple ci-dessus, il est difficile d'augmenter le temps dévolu aux bandes-annonces si les horaires sont décalés les uns par rapport aux autres. En effet, l'inter-séance n'est déja que de 5 minutes. A contrario, dans le cas d'un horaire fixe quelquesoit le durée des films, la durée de la première partie du film n'est éventuellement conditionnée que par le nombre de bandes-annonces que l'on détient (j'exagère, trop de B.A. tuant les B.A., on dépasse rarement les 5).
Dans ce cas, pourquoi ne pas passer en "horaire fixe" partout ? Pour reprendre mon exemple et mes propos, on remarque une différence fondamentale entre les 2 horaires. L'horaire fixe diminue le nombre de séances proposées au public : dans le cas d'un film de 1h45, l'écart est de 1 séance, mais cet écart peut aller jusqu'à 2 dans le cas des films les plus courts.
Oui, mais alors : pourquoi ne pas passer en "horaires décalés" partout ? Ce qui est vrai et primordial dans les cinémas de centre ville (proposer le plus de séances possibles en tenant compte des contraintes de déplacement de la clientèle) ne l'est pas forcément pour les multiplexes de banlieue (qui bénéficient de vastes halls et de grands parkings en plus de grandes salles) : tout y est grand. Le but du jeu dans ce cas là étant de fidéliser la clientèle qui sait à quelle heure elle doit être là pour voir le "blockbuster" de la semaine ou le "film familial" du mois. C'est certes un peu réducteur, mais les benchmarks* sont là pour nous le confirmer...
Conclusions :
- Le passage d'une B.A. dans une salle de cinéma pour la promotion d'un film est très important, mais il n'est pas le seul. Les distributeurs le savent bien, eux qui emploient toutes les méthodes pour promouvoir leurs films (et ils ont bien raison, et les exploitants les en remercient et patati et patata).
- Le type même d'exploitation à "horaire fixe" est amené à disparaitre. Cf le Gaumont Aquaboulevard à Paris (passé aux horaires décalés en 2002 après 4 années en horaire fixe) et le Gaumont Labège à Toulouse (qui commence à distiller différents horaires suivant la durée du film à partir de la semaine 26 - du 23 au 29 juin 2004).
En aparté, et pour réagir à cet article d'Aragorn sur le passage des B.A. à la télévision, je ne pense définitivement pas que le passage des B.A. dans les salles soit l'élément primordial. Il n'est qu'un des éléments de promotion des films. Ouvrir la publicité télévisuelle aux films, c'est favoriser une filmographie qui a les moyens au détriment des petits films. J'aimerais bien développer, mais j'ai plus le temps, il faut que je parte au boulot, ;-).
*Définition de "benchmark" :
Mot signifiant à l'origine repère, point de référence, et dont l'usage s'est largement répandu dans les milieux aussi bien techniques qu'économiques. En résumé, effectuer un benchmark implique une évaluation de performances et une comparaison à un univers de concurrence. Ainsi en informatique, le benchmark revient à effectuer un test pour évaluer et comparer les performances d'un système (logiciel et matériel) à celles d'autres systèmes. De même en économie, un benchmark consistera à évaluer les performances d'une entreprise et à les comparer à celles d'entités du même secteur ou de même taille. Enfin, dans l'exploitation, ensemble d'outils nous permettant d'analyser notre zone concurentielle, liée aux autres études (quali/quanti et tutti quanti, LOL).
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