Au début du siècle, Charles Pathé commercialise les fameux appareils Pathé Rural et Pathé-Baby et projette dans les salles son Pathé-Journal hebdomadaire. En 1920, il se sépare de ses studios, de la production de films et de l'exploitation des salles Pathé qui deviennent Pathé Consortium Cinéma. En 1929, il vend Pathé Cinéma à Bernard Natan qui rachète également Pathé Consortium Cinéma ainsi que la Société Cinéromans qui était logée, avenue Wilson, dans les tout premiers studios de Joinville-le-Pont.
L'entre-deux guerres (1918-1938) est marqué par le développement du cinéma sonore et parlant. Pourtant, les studios Pathé ne sont pas équipés. Aussi, les réalisateurs français tournent leurs films sonores à Londres ("Les trois masques" en 1929). En décembre 1929, grâce à Bernard Natan, les studios de Joinville sont enfin dotés des équipements nécessaires et le premier film sonore français de Pathé-Natan est " Chiqué " de Pierre Colombier. Joinville devint une des capitales du 7ème art. Des grands réalisateurs, nos classiques français - Jean Renoir, Julien Duvivier, René Clair, Marcel Carné, Jacques Becker, etc... - y tournent bon nombre de leurs chefs-d'oeuvre : " La Règle du Jeu", "La Belle Equipe", "Pépé le Moko", "A nous la Liberté", "Casque d'or", etc... Les grands artistes comme Jean Gabin, Gaby Morlay, Charles Vanel ou Renée Saint-Cyr sont engagés à l'année.
1939 marque la faillite de l'entreprise Natan qui est reprise par le financier Fournier en 1943 sous le nom de Société Nouvelle Pathé Cinéma. C'est l'époque des grands films de Marcel Carné : "Les Enfants du Paradis", "Les Portes de la Nuit", "Quai des Brumes", "Les Visiteurs du Soir"... En 1945, l'entreprise Thomson achète la guinguette "Elysée Palace", y installe un laboratoire de traitement Thomsoncolor où sont produits "Jour de Fête" et "Les Vacances de Monsieur Hulot" de Jacques Tati. Ce site devient par la suite le laboratoire pharmaceutique Stallergène. Cet environnement de laboratoires et de technologie avancée fut propice à la création des "Studios de Joinville".
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s'amorce un lent déclin des studios français. Les réalisateurs "nouvelle vague" les désertent au profit du tournage en décor réel. Les sociétés Gaumont et Société Nouvelle Pathé Cinéma s'associent en 1947 en créant deux filiales distinctes : "Franstudios" (avec Joinville, Saint-Maurice, Francoeur et Pagnol) et les "Laboratoires GTC".
En 1955, Marc Allegret tourne à Joinville "Futures Vedettes", le premier film de Brigitte Bardot. L'O.R.T.F puis la S.F.P. deviennent les locataires des Studios de Joinville. Vers 1956, Technicolor s'installe pendant quelques années sur le site actuellement occupé par GTC ( quai Gabriel Péri) pour tirer les films Hollywood en couleurs.
Mais les "Studios" ferment en 1985 pour s'installer à Bry-sur-Marne. Aujourd'hui, des entreprises d'un haut niveau technologique perpétuent sur le site cette tradition cinématographique, dont GTC.
Ce fameux laboratoire G.T.C., a déposé le bilan vendredi dernier.
G.T.C. était considéré comme une entreprise d'un haut niveau technologique (elle avait développé, depuis quelques années, un département numérique performant) tout en s'inscrivant dans la tradition cinématographique française, à l'image des prestigieux Laboratoires Eclair.
Une preuve de plus que la crise du cinéma français existe...
Ecrit avec l'aide de dvdtoile.com et la mairie de Joinville-le-Pont