Albert Cervoni, qui avait débuté à la Marseillaise, à Marseille, avant de "monter" à Paris, pour France nouvelle puis l'Humanité, écrivait, le 9 mai 1959, dans son premier journal, au lendemain de la projection à Cannes de Hiroshima mon amour (qu'il est indispensable à tout cinéphile d'avoir vu), d'Alain Resnais :
"Il y a des mots que je déteste voir gaspiller, galvauder. Le mot génie est de ceux-là. L'autre jour, c'est avec une sorte de méfiance irritée que je voyais, si sympathique que cela soit en la circonstance, François Truffaut manier encore le terme ÌgénialÍ pour qualifier Resnais. J'avais tort et Truffaut avait raison. Resnais est un génie et Hiroshima mon amour est génial. Je suis sorti du film déchiré et immensément heureux, fier, à bout de forces nerveuses, au bord des larmes et dans une plénitude de joie qui s'emmêlait de souffrances écorchées, ayant l'impression d'avoir eu accès à une lucidité nouvelle, et fier de constater que l'homme est capable de créer, de penser Hiroshima mon amour. "
Un pur moment de bonheur via le Web de l'Humanité.