...et Steve Jobs (Pixar) a bien raison de se tirer.
Contrairement à ce que je disais en commentaire à un post de Karen le 1er février, il n'y a plus aucune raison d'être prudent au sujet de la séparation (du divorce?) des deux entités.
Il est dommage que Disney ne participe pas aux futurs succès de Pixar.
Cest en effet par ces mots froids voire glacés que Steve Jobs, Pdg de Pixar, a clos, la semaine dernière, toute discussion entre les deux sociétés, à propos dun éventuel renouvellement de contrat exclusif de distribution. Après dix mois de discussions afin de trouver un accord, nous poursuivons notre chemin ailleurs, a précisé Steve Jobs, tout en soulignant que le précédent deal avec Disney avait certainement été lun des plus réussis à Hollywood. Pour sa part, Michael Eisner a estimé quil aurait aimé continuer ce partenariat sous des conditions mutuelles acceptables, [mais] Pixar a décidé de continuer seul et de simposer en tant que société indépendante, ce que je comprends. Et de préciser : Nous leur souhaitons bonne chance.
Cette désunion est le premier gros événement de lannée pour lindustrie nord-américaine. Mais plus quun simple désaccord économique, il met en lumière la fragilité des studios, soumis à des luttes degos intenses, dans la plus pure tradition hollywoodienne. Depuis plus dun an, Steve Jobs rencontrait régulièrement Michael Eisner, Pdg de Disney, afin détablir un nouveau contrat exclusif de distribution physique, sur le concept du contrat précédent. Mais cette fois, Pixar se voulait plus gourmand, profitant des résultats exceptionnels obtenus depuis 1995, dont Toy Story, Monstres et Cie et Le monde de Nemo. En gros, Pixar se réservait les revenus issus des droits dérivés et augmentait considérablement sa part au box-office, faisant de Disney un simple porteur de copies.
Pour Michael Eisner, chahuté depuis plusieurs mois au sein même de son entreprise, renouveler un accord dans ces conditions équivalait à avouer les faiblesses de son studio, même si ce dernier est arrivé premier au box-office US 2003 avec 1,52 Md$ de recettes (dont 339,7 M$ dus au Monde de Nemo). Le récent départ de Roy Disney, neveu de Walt Disney, du conseil dadministration du studio, avait encore plus plongé Disney dans le doute. Roy Disney, auteur dun site anti-Eisner baptisé savedisney.com, sest mis en tête de déboulonner lactuel Pdg du groupe par tous les moyens. Une commission denquête a été créée à sa demande afin de scruter tous les comptes, au centime près. Chez Pixar, la démission de Roy Disney, garant de lesprit Disney, avait déjà éveillé les soupçons fin 2003. John Lasseter, le bras droit de Steve Jobs chez Pixar, na jamais caché ses préférences dans la maison Disney, et Michael Eisner ne figurait pas dans ses petits papiers.
En attendant, Disney distribuera les deux films Pixar comme prévu dans le précédent contrat. The Incredibles de Brad Bird est calé au 5 novembre 2004 et Cars de John Lasseter est prévu pour 2005. De son côté, Pixar devrait annoncer sous peu le nom de lheureux studio qui travaillera à ses côtés: Warner Bros., Universal, Sony et 20th Century Fox se disent tous prêts à accueillir Pixar (dont les produits ont rapporté plus de 2,5 Md$) dans leur line-up. Aux conditions de Pixar.
20th Century Fox, via un soutien émanant de Lucasfilm, la société de George Lucas qui fournit les Star Wars au studio de Rupert Murdoch semble avoir un avantage certain.
Disney, de son coté, sest attaché les services de Vanguard Films, qui se cache derrière le succès de Shrek. Un plan B qui pourrait être utile pour affronter les films Pixar sortis chez un concurrent
Avec Vincent Le Leurch (Le Film Français)