« Voyons madame.. Vous n’êtes plus une petite fille. Mettez-vous ça dans la tête une fois pour toute : Les contes des fées n’existent pas » m’avait dit le conseiller conjugal
« Un mec fidèle ?!? Franchement… Je sais pas si ça existe.. J’ai beau regarder, il n’y a pas un seul mec de ma connaissance qui le soit.. .. Ce sont tous des trippeurs » m’avait dit mon frère
« Regarde autour de toi.. C’est pour tout le monde pareil.. Le ciel n’est pas toujours bleu.. Il y a souvent de gros nuages noirs qui s’amoncellent au dessus de tous les couples.. Il y a des hauts et des bas, c’est sur.. De bonnes engueulades.. mais au fond.. est-ce que c’est pas ça l’amour.. » m’avait dit une amie
J’avais bouché mes oreilles pour ne plus entendre ce genre de discours
J’avais fermé mes yeux pour ne plus voir ces hommes infidèles
J’avais tourné le dos à tous ces clichés.. A tous ces pseudos couples..
J’avais refusé de croire que c’était ça l’amour..
J’avais décidé d’attendre..
Et j’avais attendu…
Le temps qu’il avait fallu..
Et comme s’il avait su que je l’attendais
Il était arrivé..
Un soir..
Sans crier gare..
L’amour… Avec un grand A
.../....
La sonnerie du téléphone retentit. Je décrochai.
« Allo ? Chantal ? » entendis-je au bout du fil
« Oui.. Comment vas-tu Céline » dis-je en reconnaissant la voix de mon amie.
« CA va.. Et toi ? » me dit elle. Et sans même attendre la réponse elle continua :
« Dis donc.. Dis-moi un peu : Tu es toujours célibataire ? »
« Oui.. Pourquoi ? » répondis-je toujours un peu surprise par les questions parfois saugrenues de mon amie..
« Non mais je veux dire… Tu es toujours toute seule ? Tu n’as personne dans ta vie ? »
« Non.. Personne.. » dis-je de plus en plus intriguée…
« Bon bien parfait. Je vais donc donner ton numéro de téléphone à un de mes collègues. Il est célibataire aussi. Et je pense que vous vous entendrez bien. » me dit-elle toute joyeuse..
J’éclatais de rire. Cette Céline, je vous jure !!! Un vrai phénomène !!
« Mais n’importe quoi !! » lui dis-je en riant. Elle rit avec moi et sans se démonter, et ne tenant aucunement attention à mes réactions, elle continua..
« Oui, c’est un gars qui est dans ma formation, il est super gentil.. Il est séparé depuis un an et il a un enfant de 6 ans… Il travaille dans une salle de cinéma..
Je pense que vous devriez vous rencontrer..
De toute façon, ca ne te coûte rien.. Vous vous voyez, vous allez boire un verre, un petit restau… Et voilà !!! Et puis à la limite, s’il ne te plait pas, tu pourras, toujours te faire quelques toiles gratuites… »
J’éclatais de nouveau de rire. Elle ne perdait pas le Nord la Céline… Toujours pragmatique..
« Tu es complètement folle » lui dis-je. « Je le connais pas ce type. Je ne sais pas trop si j’ai envie de passer une soirée avec quelqu’un que je n’ai jamais vu. Et puis comment peux-tu être sûre qu’il me plaira ? Je suis assez difficile, tu le sais.. Il est comment physiquement ? Il est bien au moins ».
« Oui. Ca va. Il est pas mal. Ne t’inquiète pas. » me dit-elle..
Ne pas m’inquiéter, facile à dire ! Je n’avais pas l’habitude que l’on m’appelle pour m’arranger un rendez-vous avec un homme que je ne connaissais pas. Je n’étais pas trop chaude. Jusqu’à maintenant je n’avais pas eu besoin d’intermédiaire pour rencontrer des hommes. J’étais belle femme et très courtisée. Je n’avais vraiment pas à me plaindre. Je recevais de nombreuses propositions du sexe opposé mais j’étais très sélective. J’étais allée à quelques un de ces rendez-vous avec des hommes croisés au hasard de ma route, mais je n’avais pas donné suite.
Je n’avais pas envie d’une aventure.
Je voulais une vraie, une belle histoire d’amour.
LA vraie histoire d’amour.
.../....
Deux ans déjà que c’était terminé ma dernière histoire, sans cris, sans larmes. Depuis, j’attendais. .J’attendais celui qui m’était destiné. Je ne savais pas où il était, je ne savais pas qui il était, je ne savais pas où le chercher. Ce que je savais, ce dont j’étais sûre, c’était qu’il existait. J’avais passé deux ans à l’attendre, je pouvais encore le faire.
Je soupirai. Que répondre à mon amie ? Celle-ci ne me laissait pas le temps de réfléchir. Elle me tannait, parlait, parlait.
« Alors ? » me dit-elle « Je lui donne ton numéro ? »
C’était plus une affirmation qu’une question…
« Oui oui » lui dis-je sachant qu’elle ne lâcherait pas l’affaire..
« Super !!! Il t’appellera ce soir je pense. Bises et à plus tard ».
Elle raccrocha…
En raccrochant à mon tour, je souris.
J’imaginais mon amie, toute heureuse de son audace.
Je l’avais rencontrée deux ans auparavant sur mon lieu de travail du moment.. Nous avions sympathisé. Elle, elle avait eu la chance de rencontrer l’amour à 14 ans, dans un parc. Depuis, son mari et elle, ne s’étaient plus quittés. Aujourd’hui, Ils avaient deux enfants et ressemblaient encore à des jeunes mariés plus de 15 ans après. Son mari l’appelait tous les midis, après le déjeuner. J’aimais la voir rougissant et riant sous ses mots doux. Je souriais, les trouvant trop mignons tous les deux. C’était ce genre d’amour que je voulais. Celui que j’avais décidé d’attendre. Et quand je les voyais, cela me confortait dans mon choix et me donnait de l’espoir.
Cependant, ce jour là, cela ne m’empêcha pas de me demander, dans quelle histoire je m’étais embarquée.
.../...
Qu’est-ce qui m’avait pris de dire oui ?
Voilà deux jours que je me posais cette question. J’avais d’abord dit “oui” à mon amie et puis “oui” aussi à cet homme que je ne connaissais pas…Et maintenant à quelques heures de ce rendez-vous, je me sentais prise au piège. Impossible de faire marche arrière, ça ne se faisait pas. Oh ! Je l’aurais bien fait (Oui j’avoue, je suis sans scrupule des fois…), en d’autres circonstances, en d’autres temps, mais là les choses étaient différentes. L’intermédiaire était mon amie, j’avais dit oui, je n’avais plus qu’à m’en prendre qu’à moi…
“A 19h 30″ m’avait-il dit au téléphone de sa voix chaude et grave.
Il était 19h10. Je m’étais préparée, pomponnée, maquillée, mais j’étais toujours hésitante…Mais qu’étais-je allée donc faire dans cette galère ?!?!
Les minutes s’égrenaient lentement mais sûrement…Je tournais en rond comme une lionne en cage…Plus que 20 minutes avant l’heure du rendez-vous…Je n’étais toujours pas décidée.
19h 17 . J’avais encore le temps d’arriver à l’heure. Je me levais d’un seul coup, pris mon manteau, mon sac à main, mes cigarettes surtout et refermai la porte…
C'était il y a 18 ans...
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