on m'avait conseillé le dernier film de David Fincher !!!
Le pitch :"Curieux destin que le mien..." Ainsi commence l'étrange histoire
de Benjamin Button, cet homme qui naquit à 80 ans et vécut sa vie à
l'envers, sans pouvoir arrêter le cours du temps. Situé à La
Nouvelle-Orléans et adapté d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, le
film suit ses tribulations de 1918 à nos jours. L'étrange histoire de
Benjamin Button : l'histoire d'un homme hors du commun. Ses rencontres
et ses découvertes, ses amours, ses joies et ses drames. Et ce qui
survivra toujours à l'emprise du temps...".
Et on ne s'était pas trompé. Si pour la deuxième fois David Fincher ne veut plus être dépassé par la forme sans abîmer le fond de son film. C'était vrai pour ZODIAC c'est encore plus vrai pour un film comme THE CURIOUS CASE OF BENJAMIN BUTTON. En résumé c'est 2h35 de pur bonheur. Brad Pitt y est phénoménal et beau (s...) !!! Quand à Cate Blanchett...
A aucun moment dans le film, David Fincher ne donne l'impression d'être écrasé par les effets spéciaux pourtant nombreux. Et ceci, grâce à un scénario très bien écrit, aucune faute de goût. C'est du pur bonheur, à voir et à revoir...
En 1993 Bill Carter
était assistant et travailleur documentaire vivant à Sarajevo, une
ville en état de siège avec des troupes de 18.000 serbes tirant de
l’artillerie et des mortiers des collines environnantes - et pénétrée
de l’intérieur par des tireurs embusqués. Même si elle était coupée du
reste du monde, Carter voyait en cette ville le symbole de l’espoir dans cette guerre des Balkans car ’Les
habitants de Sarajevo refusaient de se diviser suivant leurs origines
ethniques et de nombreux Serbes se joignaient à eux pour défendre la
ville contre les assiégeants serbes nationalistes.’
C’est alors qu’il rencontra U2 sur sa tournée ZOO TV
en 1993 qu’un avion emmena pour montrer aux jeunes du reste de l’Europe
ce à quoi ressemblait une ville assiégée sur leur continent. Quatre ans
plus tard, le siège terminé, U2 emmenait la tournée POPMART à Sarajevo et la semaine suivante le groupe retournait dans ce pays avec deux concerts au Stadium Maksimir de Zagreb.
En avril, Bill Carter était fait ’citoyen honoraire de Sarajevo’ étant ’guidé par les principes les plus nobles qui lui ont permis de répandre la vérité sur Sarajevo et ses citoyens durant le siège.’ Nous avons invité Bill à se remémorer cette histoire d’amitié avec U2 pour U2.com et l’histoire d’amitié qui unit le groupe au peuple des Balkans.
’En juin 1993 je me trouvais dans une
station de télévision lorsque j’ai entendu Bono et Edge parler sur MTV.
Ils parlaient du problème de l’union de l’Europe, disant que c’était un
rêve qui valait la peine d’être rêvé. Bien entendu, j’étais d’accord,
mais il y avait un problème : je regardais ça sur un poste de
télévision alimenté par un générateur , entouré par des personnes au
visage émacié au point qu’elles ressemblaient à des survivants des
camps de la mort, et d’ici la fin du mois des centaines de personnes
mourraient victimes des tireurs embusqués qui les descendaient tels des
cannettes alignés sur une buche. Je me trouvais à Sarajevo, au "ground
zero" (niveau zéro) de la plus violente et sanglante guerre en Europe
depuis la Seconde Guerre Mondiale. A ce moment, l’idée d’une Europe
unie ressemblait à un rêve inaccessible.
J’avais dû venir à Sarajevo - trou de
l’enfer certifié en 1993 - pour livrer des colis de nourriture
humanitaire avec un convoi de jeunes hommes déguisés en clowns. C’était
surréaliste mais ça marchait. Ce jour-là, après avoir écouté U2 parler
sur MTV, j’ai eu l’idée de joindre le groupe. Aussi, je me fis faire
des faux papiers, fit appel à quelques relations et deux semaines plus
tard, je me trouvais assis en coulisses à Vérone, espérant choper U2,
le groupe le plus puissant au monde en mesure de faire quelque chose.
Quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais quelque chose c’était
forcément mieux que rien.
Cette nuit-là, je me retrouvais face à
face avec Bono et Edge, partenaires du rêve à grande échelle. Je leur
racontais les histoires de personnes que je connaissais à Sarajevo. Je
leur parlais de ces musiciens, de cet orchestre presque au complet qui
se réunissait dans des caves pour jouer leur musique. Je leur parlais
des productions théâtrales, de peintres qui se trouvaient à marchander
pour leurs peintures et de ce joueur de violoncelle qui jouait dans un
cimetière mort dans les ténèbres, sa musique se faisant l’écho des
250.000 âmes, privées de nourriture, d’eau, de gaz ou d’électricité. A
laz fin de la soirée, Bono suggéra sa venue à Sarajevo dans les tous
prochains jours. J’expliquais que bien que cela sembla une idée
géniale, c’était impossible. L’armée serbe qui occupait les collines
au-dessus de Sarajevo tenait la ville à l’œil et tout rassemblement de
personnes devenait aussitôt une cible pour une attaque de leur
artillerie. Désappointés, Bono et Edge, me demandèrent de réfléchir à
quelque chose. Il était évident qu’ils n’avaient nullement l’intention
de laisser tomber. Ils me quittèrent avec cette pensée : ’Pense à quelque chose et nous le ferons. Il est temps de faire quelque chose d’extrême.’
C’est ainsi que naquit l’idée des
liaisons satellite. C’était une solution simple. Au lieu d’amener U2 à
Sarajevo, nous amènerions Sarajevo à U2, et à ses stades pleins de son
public. Durant une transmission satellite au cours du concert de
Copenhague, un homme de Sarajevo s’adressa à la caméra et demanda à U2
s’il viendrait un jour à Sarajevo et y donnerait un concert. Bono
répondit : ’Oui, nous viendrons.’
En 1997, deux ans après la fin des combats, U2 se
rendit au Kosovo Stadium de Sarajevo pour y donner le concert promis. A
ce jour, je ne suis pas sûr que U2 ait entièrement conscience de
l’influence totale que ce concert particulier a eu sur cette ville, ce
pays ou cette région. Avoir 40.000 personnes rassemblées à Sarajevo, de
tous les Balkans, deux ans seulement après une guerre violente, a eu un
impact profond sur les gens. Certains avaient cette peur ancrée qu’ils
se tiendraient à côté d’un titreur embusqué qui leur avait tiré dessus
il y a quelques années. pour d’autres la peur n’était pas de
reconnaître l’ennemi, c’était tout le contraire : ne pas savoir s’ils
étaient assis à côté de cette personne. Comment le pourraient-ils ? Les
tueurs et les victimes se ressemblent, ils parlent de la même façon et
mangent la même nourriture. Mais ce soir-là, une fois la musique
envoyée, personne ne se souciait de noms, de pays ou de religions. Tout
ce qui leur importait était la musique. Cette simple célébration de la
musique devint la célébration de la fin de la guerre. Et ce concert fut
perçu à l’unanimité comme une récompense pour ceux qui avaient survécu.
En tenant sa promesse de jouer à Sarajevo en 1997 U2 a
réussi a faire quelque chose plus difficile qu’il n’y parait : il a
littéralement étendu ce sentiment de confiance, il a apporté un
sentiment d’espoir aux Bosniaques. L’espoir que cette guerre était
finie. L’espoir qu’un sens de la normalité, manifesté dans le plus
grand groupe de rock au monde, reviendrait à Sarajevo. Ce sentiment
d’espoir et de confiance envers U2, on en parle souvent dans les rues
de Sarajevo. Ce dont on ne parle pas trop souvent c’est ce que Sarajevo
a fait pour U2. C’était risqué pour le groupe de parler de guerre - de
montrer le visage de la guerre sur des écrans de 80 pieds ( ), de
mettre son public dans une position des plus inconfortables. Mais ça a
marché. Ils ont eu droit à de nombreuses attaques en raisons de leurs
liaisons satellite avec Sarajevo durant les concerts de la tournée ZOO
TV, mais comme Larry me l’a dit un jour : ’Je pense que l’histoire
prouvera que ces satellites étaient une très bonne chose.’
Pour ce qui est de ce concert, la formation rock
irlandaise a déclaré que le concert de Sarajevo était l’un des plus
mémorables de son existence. Mais je soupçonne également que ce concert
et les liaisons satellite ont également donné à U2 ce sentiment
d’espoir. En voyant toutes ces personnes autrefois en guerre
rassemblées pour danser, chanter, exprimer la joie, tout ça a donné au
groupe une affirmation que la musique, tout au moins, lorsqu’une
chanson est jouée peut transcender les frontières, les langues, la
guerre et le nationalisme.
Il est aisé d’exclure les actions d’un groupe de rock
aussi frivoles ou au mieux, moins important que les mots et les actions
de politiques rassemblés dans des pièces secrètes. Mais il ne faut pas
dénigrer l’importance du rôle de U2 - par le simple fait de s’engager,
de faire quelque chose, il a défié la notion d’une Europe unie. Je me
souviens d’un général de l’OTAN à Sarajevo durant le concert me disant
qu’il y avait 4.000 troupes en ville pour assurer la sécurité mais ’ce groupe dépense son propre argent et 40.000 personnes se retrouvent. Nous ne sommes pas dans la bonne branche.’
Aujourd’hui, près de quinze ans après la fin de cette
guerre, la paix dans les Balkans est chancelante. Personne n’y croit et
pourtant elle avance à pas lent comme un petit train infatigable
grimpant une colline. C’est une paix fragile qui repose sur la
confiance de ceux qui, il n’y a pas si longtemps encore, étaient
ennemis. Personne ne pense qu’une guerre pourrait exploser mais les
tensions grondent toujours sous la surface. Pourtant, le tourisme
rebondit et l’industrie est en hausse. Ces gens sont des survivants. Et
les 9 et 10 août, le Makimir stadium de Zagreb se remplira de personnes
issues de tous les Balkans pour voir la nouvelle incarnation d’un
concert de U2. Personne pense qu’un concert de rock peut changer le
monde, mais pour un grand nombre le retour de U2 symbolise quelque
chose d’autre : un nouveau chapitre dans la relation entamée avec le
groupe et ce pays à l’été 1993. Et tout comme en 1997 à Sarajevo, une
nuit durant 40.000 personnes se souviendront qu’elles sont de simples
personnes, à l’âme suffisamment légère pour être soulevée par le
pouvoir de la musique.
Les commentaires récents