Ali Bekhtaoui, jeune étudiant en journalisme, également connu sous le pseudo d'Alain de la Bêcque (!) est passé voir Jean-Paul Olivier chez lui afin de réaliser un entretien de l'auteur, à quelques jours du Printemps du Rire 2010 (15 au 27 mars 2010) au cours duquel sera reprise une de ses pièces majeures, Je m'appelle Blanche comme Neige.
Retranscription de l'entretien :
La passion comme profession
Une gargouille à l'entrée de sa maison. Des masques disposés dans le long couloir à l'entrée. L'antre de Jean-Paul Olivier révèle une partie de son originalité et de son excentricité. Une personnalité qu'il mettra bientôt en Œuvre pour le Printemps du Rire.
Un pyjama pour 2 méduses, un nouveau projet
L'homme prépare activement une nouvelle pièce, la septième, qui portera probablement pour titre Un pyjama pour deux méduses. Une comédie naturellement. Un thème difficile selon lui, mais toujours agréable à travailler.
« Ecrire et faire rire c'est très compliqué de nos jours, car il faut observer des critères de courtoisies sociales et comme de bien entendu le très respectable (politiquement correcte) », dit-il, un conducteur de la pièce sous les yeux dont le sujet tourne autour d'un couple d'employés de célébrités. Et quel couple ! Amanda Lear et Thierry Henry. Ils vivent par procuration pendant 1h30 la vie de ce couple improbable. La pièce prendra la forme de courts sketchs.
Une méthode de travail atypique pour des pièces de théâtre qui ne le sont pas moins
Ce bourguignon de naissance ne travaille que le soir. Avec des horaires qui démarrent à 21h et peuvent s'achever à 5h le lendemain. Et parce que Jean-Paul Olivier déteste chômer, il reprend la pièce Je m’appelle Blanche comme neige. Avec Emilie Dejean, sa pièce de 2002, dont les répétitions ont démarré en janvier.
Car ce quinquagénaire aux cheveux grisonnants est un habitué de l'écriture théâtrale.
C'est en 1997 qu'il se lance dans l'écriture scénique. Avec Le Bateau jonquille . Il se souvient très bien de la première. « Le 3 décembre 1997 ». La première représentation au Théâtre de poche.
« Ce jour c'est le jour où je suis né. Pendant des années je suis resté enfermé. Là, je suis sorti de l'ombre » , dit-il les yeux brillants. L'histoire était pourtant compliquée. Du théâtre poétique : « la poésie au théâtre c'est casse gueule, plus personne ne veut en entendre ».
Mais le texte et le travail des comédiens sur scène ont rendu la pièce passionnante. Des comédiens qui entraient dans le texte d'autant plus follement que Jean-Paul Olivier les faisait répéter chez lui, dans une pièce aménagée pour l'occasion.
Des flashs le matin
La carrière de Jean-Paul Olivier s'est aussi forgée dans des pièces plus graves. C'est le cas pour Les oubliés (anecdote), en 2005, dont l'histoire conte une amitié platonique entre un soldat Allemand et un écrivain Juif enfermés ensemble pendant la guerre.
Avec Emilie Dejean (toujours !), son actrice fétiche, dans le rôle de la conscience du soldat.
Jean-Paul Olivier s'est beaucoup documenté pour un thème où le droit à l'erreur est proscrit.
D'ailleurs, dans le public, certains étaient assez âgés pour avoir vécu la guerre. L'auteur se rappelle une anecdote : "Une dame autrichienne, après avoir vu la pièce deux fois, est revenue un soir pour déposer un mot à l’intention des comédiens. Sa lettre disait que j'avais résumé l'histoire de Willy, un ami de jeunesse, une histoire similaire qui était arrivé à cet homme pendant la guerre. J'étais très touché".
Pour cette pièce, cet écolo qui ne se ballade jamais sans son vélo a trouvé son inspiration comme bien souvent le matin au réveil : "Dans mon lit j'ai des flashes le matin, je vois des personnages, le déroulement de l'histoire. Et j'écris".
Sa vision du métier est claire, "Aujourd'hui le spectateur veut qu'une pièce soit simple, propre et directe". Et dans la ville rose, il y a peu d'élus pour nombre d'appelés dans la production théâtrale, "Il n'y a pas assez de salles à Toulouse. il faut se battre pour obtenir des dates".
Alors l'avenir, Jean-Paul Olivier devra le négocier face aux autres metteurs en scène. Il va se battre. Mais pas avec la force des bras.
Car l’encre préférée des poètes reste le vitriol à coup de phrases assassines, de hash et de barbies turiques.
Ali Bekhtaoui
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