Départ du port de RAMSEY en direction du port de SILLOTH.
L'homme qui veille par jeu et sottise doit rattraper
son sommeil coute que coute. La traversée s'est déroulée sans encombre car mon
Sergent m'a réveillé qu'à la dernière minute. Vu qu'il n'y avait pas d'urgence
autan me laisser dormir. Quelle bonne nuit nous avons passé et pour les traces
qui me reste en mémoire je dois reconnaitre que mon CAILLOU a bien bataillé
face aux autres et pour cela je lui renouvelle doute mon admiration même si la
troupe a dû s'incliner devant le Frère SPINELLI
qui nous a eu à l'usure.
PIERRE le vosgien
«Réveille toi CHEVALIER, nous approchons de la côte!»
PH DE BEAUNE
«Trouve moi quelque chose à manger, j'ai faim!»
PIERRE le vosgien
«La viande d'hier soir avec du pain et des pommes.»
PH DE BEAUNE
«bien apporte.»
PIERRE le vosgien
«Tout va bien CHEVALIER?»
PH DE BEAUNE
«Va me chercher le Frère PASCALUS, j'ai besoin de lui parler de suite.»
Mon Sergent me connait bien, il a vu dans mon regard
que quelque chose me cause soucis. Et il sait que je n'aime pas m'éterniser
devant un problème. Le Frère PASCALUS toujours soucieux de son temps gardait en
permanence une longueur d'avance sur les autres. Il avait déjà sellé son
cheval, sa paillasse était proprement roulée avec son sac. Je dirais qu'il
était prêt à débarquer.
FRERE PASCALUS
«bien dormi PHILIBERT?»
PH DE BEAUNE
«Je te remercie Frère PASCALUS! J'ai bien dormi.»
FRERE PASCALUS
«Ne me dit pas que tu as changé d'avis pour notre route!»
PH DE BEAUNE
«Rassure toi Frère PASCALUS, rien qui puisse nous retarder dans notre progression.
Suit mon regard et voit les deux marchands qui font les 100 pas sur le pont et
bien tout en dormant d'une oreille, je les ai entendu parler de marchandage et
de choses et d'autres, ce qui est normal pour eux. Ils vont plus au nord vers la ville de ROCKCLIFFE dans l'estuaire de la rivière EDEN. Je pense
que nous commettons une erreur en débarquant à SILLOTH. En descendant à
ROCKCLIFFE nous ne gagnerons pas un jour de chevauchée, mais la route sera
réduite de moitié.»
FRERE PASCALUS
«Qu'es ce que tu proposes?»
PH DE BEAUNE
«En descendant à ROCKCLIFFE, on remonte la rivière EDEN, en passant devant la
ville de BEAUMONT nous serons à mi parcours. CARLISLE sera à portée de main
dans la fin du jour. Sans l'encombrante traversée de terres inconnues.»
FRERE PASCALUS
«Rappelle moi quel est notre point de chute?»
PH DE BEAUNE
«L'église SAINT JEAN BAPTISTE au sud de la ville.»
FRERE PASCALUS
«Bien, je vais parler au commandant de ce bateau pour le financement de notre
traversée jusqu'à ROCKCLIFFE. Tu ne me surprends qu'a moitié Frère PHILIBERT,
ARCHAMBAULT DE VEZELAY m'a fait mille recommandations avant de partir, mais
comme lui je te fais confiance. SERGENT PIERRE ton Chevalier a vraiment le
sommeil léger!»
PIERRE le vosgien
«Le CHEVALER PHILIBERT ne dort jamais, il est connu pour avoir une oreille de
fouine.»
Quand
je dis ventre affamé n'a pas d'oreille, c'est seulement pour mieux me situer
dans le temps. Je ne dirai pas qu'ils crient famine, mais pour l'heure mes
compagnons de route ont grand faim. Les traversées en mer même courtes donnent
de l'appétit. Je dirai à vue de nez que midi doit être sonné.
Nous
devrions accoster sous peu dans la petite ville de ROCKCLIFFE. Notre bateau
glisse sur les eaux de l'estuaire de l'EDEN en toute tranquillité. L'eau de la
rivière d'un bord à l'autre est propre et l'on distingue fort bien les bans de
poissons qui semble être nombreux par ici.
Les
premières maisons se distinguent assez bien
et à ma grande surprise il n'y a pas de port dans cette petite ville. Un
grand ponton est aménagé en avant et doit servir de lieu d'amarrage. Pour ce
qui est du quai de débarquement il n'existe pas vraiment. Ce côté rudimentaire
ne me gêne pas vraiment, j'ai vu pire en
d'autres contrées.
Sitôt
les pieds à terre je me suis retrouvé avec une étrange indication face à moi et
de mémoire je ne me souviens pas d'en avoir vu de semblable. Un grand panneau
en bois m'indiquait qu'ici vivent 475 âmes, que le village est bâtit de 100
maisons, marché aux volailles le mardi et marché aux poissons le jeudi. Je fis
remarquer au Frère PASCALUS que ces gens sont bien prévenant à l'égard des
visiteurs.
Avant
de quitter cette petite ville nous avons fait le plein de victuailles fraiches.
Nous avons aussi acheté plusieurs kilos de poissons séchés et grillés. Autant
prévoir large pour les jours à venir, on ne sait jamais.
Après
avoir fait nos adieux aux quelques habitants qui s'étaient amassés autour de
nous, nous avons poussé un peu les chevaux pour qu'ils se délassent les pattes.
Nous
remontons l'EDEN en direction de la ville de BEAUMONT mais il nous faut
patienter encore un peu pour passer sur l'autre rive car le guet se situe bien
en amont de la ville. Une fois le guet de KIRKANDREWS franchit nous
poursuivrons notre remontée dans le contournement de la rivière. Ce paysage de
champs et de prairies me rappelle de bons souvenirs.
Nous
voici dans le canton de GRINSDALE, le frère SPINELLI demande une pose salutaire
de 30 minutes ce qui me semble tout à fait approprié pour tout le monde.
Le
Frère PASCALUS me rappelle aux vues de sa carte que nous sommes à environ 1H00
de CARLISLE.
Dès
que je verrai les premières bâtisses, je dirai que ce que nous venons de vivre
est une bonne journée. Tout ce que nous avons comme indication sur l'église
Saint JEAN BAPTISTE c'est qu'elle se situe non loin d'un lac au sud de la
ville. A nous d'être futés et de trouver sa porte avant la nuit.
PIERRE
le vosgien
«
CHEVALIER, le Frère SPINELLI propose que l'on scinde le groupe en deux à partir
du lac pour nous faciliter la recherche de l'église Saint Jean.»
PH
DE BEAUNE
« La réponse est non ! C'est une perte de temps, à
partir de lac nous écouterons le tintement des cloches. Nous nous repèrerons à
l'écho, va lui dire et fait en sorte qu'il soit content.»
PIERRE
le vosgien
«
Ca aussi je lui dis! «
PH
DE BEAUNE
«
Juste l'essentiel, restons bons amis.»
Comme
l'indique la carte de PASCALUS, le lac marque bien la limite sud de la ville.
Mais pas d'église pour autan et je ne suis qu'à moitié surpris. Les repères
pointés ne sont pas toujours là où il faudrait. Nous disposons de bonnes cartes
copiées et recopiées sans vraies vérifications à nous de nous adapter.
ROBERTO
SPINELLI
«
Et maintenant que nous avons le lac que faisons nous PHILIBERT?»
PH
DE BEAUNE
«
Rien, nous faisons silence.»
ROBERTO
SPINELLI
«
Je te croyais plus audacieux CHEVALIER de BEAUNE.»
PH
DE BEAUNE
«
Rassure toi SPINELLI de l'audace j'en ai!»
ROBERTO
SPINELLI
«
Pardonne-moi Frère PHILIBERT si je t'es offensé.»
PH
DE BEAUNE
«
Je n'ai rien à pardonner Frère ROBERTO, tu ne m'as pas offensé, tu me fatigues
c'est différent.»
PIERRE
le vosgien
«
Silence! Cloches dans le lointain.»
PH
DE BEAUNE
«
Que ceux qui veulent dormir à l'abri cette nuit suivent mon cheval.»
J'ai
lancé mon cheval dans un petit trot sans même attendre, je savais que ma bonne
oreille ne ferait pas défaut, le lointain était encore vague mais la direction
était juste et c'est ce qui compte.
Il
nous a fallu un bon quart d'heure avant de mettre pieds à terre devant notre
église. De construction discrète et bien à couvert derrière de grands arbres,
la bâtisse ne pouvait être vu dans l'horizon mais comme dirait mon Sergent
PIERRE l'important c'est quelle soit là.
J'aurai volontiers demandé l'hospitalité pour la
nuit dans une auberge pour un bon lit, mais nous n'avons trouvé personne dans
l'heure tardive pour nous indiquer une bonne adresse. Nous dormirons dans
l'église pour le salut de nos âmes et rien de plus normal que de voir des
moines dans une église même accompagnés de leurs chevaux.
Après un rapide partage de nourriture pour se
consoler de la fatigue qui nous pèse sur le dos, nous avons pris la liberté
d'un commun accord de prier directement sur nos paillasses afin de laisser le
sommeil arriver sans peine.
FRERE PASCALUS
« Que faisons-nous demain Frère PHILIBERT?»
PH DE BEAUNE
« Rien, nous attendons l'arrivée de GUILLAUME DE TOURVILLE et de sa troupe.»
FRERE PASCALUS
« Et comment le retrouver dans cette campagne?»
PH DE BEAUNE
« Nous avons trouvé le lac, nous avons trouvé l'église, nous trouverons
GUILLAUME de la même façon!»
FRERE PASCALUS
« Bien? bonne nuit PHILIBERT «
PH DE BEAUNE
« Que la nuit soit bonne à tous et pour demain nous verrons .»
Je
trouve étrange que mon Sergent se soit installé si proche de moi car ce n'est
pas la place qui manque ici et puis nous ne sommes pas en campagne ce qui veut
dire qu'il n'y a pas d'urgences et donc pas de surveillance particulière , pas
de danger. Je me demande se qu'il couve. Ou alors la présence de SPINELLI le
gène! c'est vrai qu' un peu de SPINELLI c'est bien mais sur plusieurs jours on
s'en lasse vite.
Je crois que mon PIERRE est las de cette
extravagance tout comme moi. En portant un regard discret je dirais que la
distance qui sépare nos deux paillasses et d'environ une coudée, ce qui me
laisse peu d'espace si je bouge pendant la nuit.
Après
trois ou quatre bâillements bien sonores je me suis roulé dans mon manteau et
là bien calé entre le mur de l'église et mon Sergent je n'avais qu'une envie
c'est que le sommeil vienne vite.
PIERRE
le vosgien
«
CHEVALIER!!! Il faut que je te parle!»
PH
DE BEAUNE
«
Pas ce soir CAILLOU, je veux dormir?»
PIERRE
le vosgien
« Oui mais c'est important CHEVALIER.»
PH
DE BEAUNE
«
Je sais, mais avec toi tout est important.»
PIERRE
le vosgien
«
Oui mais là c'est important!»
PH
DE BEAUNE
«
Important comme quoi?»
PIERRE
le vosgien
«
Nous ici!»
PH
DE BEAUNE
«
Soit gentil PIERRE, on ne bavarde pas ce soir, on verra demain,
Est-ce
que tu peux attendre demain!»
PIERRE
le vosgien
«
Oui ça peut attendre demain, mais tu vas gueuler comme un putois.»
PH
DE BEAUNE
«
Un peu plus ou un peu moins ça ne changera pas beaucoup.»
PIERRE
le vosgien
«
Es tu sûr de ne pas vouloir l'entendre maintenant?»
PH
DE BEAUNE
«
Je veux dormir PIERRE et fais en autant.»
PIERRE
le vosgien
«
Je sais que tu veux dormir, mais c'est important.»
PH
DE BEAUNE
«
Je ne sais pas ce qui est important ou pas, mais à force de l'entendre tu me
donnes envie de pisser.»
PIERRE
le vosgien
«
Parfait, puisque tu as envie de pisser sortons, il faut que je te parle
maintenant, parce qu'après je vais dormir et je risque de l'oublier.»
PH
DE BEAUNE
«
D'accord, sortons pisser.»
Sans
faire de bruit nous avons rejoint le jardin de l'église par la petite porte. Le
premier sommeil des justes a fait que ni les uns ni les autres ne se sont
aperçus de notre départ.
PH
DE BEAUNE
«
Bon, explique moi et après je vais
dormir.»
PIERRE
le vosgien
«
Dormir pour moi, peut être que oui, mais pas pour toi,
commence
par pisser ça voudra mieux.»
Mon
Sergent me connait bien et après m'être soulagé avec abondance du vin que j'avais bu en fin d'après midi
j'étais prêt à attendre les choses importantes qui troublent son sommeil.
PH
DE BEAUNE
«
Voilà, je t'écoute.»
PIERRE
le vosgien
«
CHEVALIER, je crois que nous ne sommes pas sur la bonne route.»
PH
DE BEAUNE
«
Nous avons suivit les indications telles quelles sont marquées sur la carte, je
n'ai pas fait d'erreur et le Frère PASCALUS non plus. En descendant à
ROCKCLIFFE nous avons même gagné des heures de chevauchées.»
PIERRE
le vosgien
«
Oui, mais il y a quelque chose dans ma tête qui sonne comme un rappel à l'ordre
et c'est pour ça que je ne dors pas.»
PH
DE BEAUNE
«
Pour l'instant c'est moi qui ne dort pas.»
PIERRE
le vosgien
«
Avant d'arriver sur la grande île, tu m'as parlé plusieurs fois que Maitre GUILLAUME devait rester en attente le
temps que toi PHILIBERT tu arrives , l'un devait attendre l'autre.»
PH
DE BEAUNE
«
Oui, c'est pour cela que nous sommes là. Nous sommes les premiers et c'est à
nous d'attendre l'arrivée du convoi. Demain nous ferons de la reconnaissance
sur le terrain.»
PIERRE
le vosgien
«
Mais CHEVALIER tu ne m'as jamais parlé que la jonction devais se faire ici dans
cette ville!»
Mes
yeux fixaient intensément les yeux de mon Sergent à la recherche de sa pensée.
Le jardin était baigné d'un silence de mort. Nos visages étaient si proches que
j'entendais sa respiration. Dans l'instant je n'avais pas de mot. Mes yeux
restaient fixés sur lui comme poussé par une obsession que je n'arrivais pas à maitriser. Ma mémoire
tournait comme un vent violent et je voyais bien que PIERRE attendait que je me
souvienne du lieu ou de quelque chose qui s'en rapproche. Comment ai je pu
faire un tel oubli, d'une telle importance.»
PH
DE BEAUNE
«
PIERRE, je n'ai pas le nom de la ville.»
PIERRE
le vosgien
« Rappelle toi CHEVALIER, tu voulais que l'on
débarque à LANCASTER.»
PH
DE BEAUNE
«
KENDAL»
PIERRE
le vosgien
«
Et bien voilà tu l'as le nom de la ville!»
PH
DE BEAUNE
«
Approche que je te baise le front.»
J'ai
pressé mon Sergent dans une puissante accolade à nous couper le souffle
mutuellement. Je lui ai dit 3 fois merci entrecoupé de 3 baisers. Un sur son
œil gauche pour qu'il continu à voir quand je ne vois plus, un sur son oreille
pour qu'il continu à entendre quand je n'entends plus et un sur son front pour qu'il se rappelle notre profond
attachement l'un vers l'autre. Le pays de Vosges doit être un bien beau pays
pour avoir vu naitre quelqu'un comme lui.
PH
DE BEAUNE
«
Toi et moi ne faisons qu'un, aussi bien sur un champ de bataille qu'ici dans ce
jardin. Je remercie CHRIST notre SEIGNEUR d'avoir croisé nos routes et de nous
avoir fait vivre tant de choses ensemble. Maintenant tu peux aller dormir, nous
quittons CARLISLE à 6 H00. Je vais réveiller le Frère PASCALUS pour la lecture
des cartes.»
PIERRE
le vosgien
«
tu veux que je veille?»
PH
DE BEAUNE
« Non! Je te raconterai
demain.»
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