6H00 précise, sonnerie royale du petit cor, le Roi se lève.
Jusqu'à 7H00 nous sommes restés dans nos chambres afin de finir de plier nos affaires. J'avais besoin de prier également pour savoir si j'étais dans le vrai.
Ensuite nous avons pris un solide repas pour tenir la journée.
Aujourd'hui nous quittons EDINBOURG pour rejoindre la ville de KINCARDINE. En jetant un rapidement coup d'œil sur ma carte les petites localités sur notre parcours sont plutôt rares.
Le Frère PASCALUS qui vient de nous rejoindre me fait part de son inquiétude sur le tracé de sa carte. Des zones entières sont hachurées avec le mot tourbe. Je pense que nous devrons être particulièrement attentif lorsque nous aborderons ses passages. Ce qui est bien c'est que ma carte ne mentionne pas ce genre de chose. Elles n'ont pas dû être copiées par le même Frère. Notre premier repère se nomme GRANGEMOUTH et le second LINLITHGOW, pour ses deux villages, nos cartes sont identiques. C'est bien.
Sonnerie de 8H00.
Plus rien ne nous retient ici, nous pouvons partir.
Nos chevaux étaient frais et bien reposés, cette courte journée ne sera rien pour eux par rapport à tout ce qu'ils ont traversé.
PH DE BEAUNE
« Mes Frères si vous êtes tous prêts nous pouvons partir.»
Un kilomètre après avoir quitté le château, j'ai demandé au Frère PASCALUS de continuer sur ce même chemin à petite allure. Qu'il était important que je m'absente avec mon Sergent. PASCALUS a bien compris que je partais à la recherche d'OXLEY BARNS.
PH DE BEAUNE
« Compte une heure et nous serons de retour.»
Nous avons pris la direction du port car c'était la seule route sensée que BARNS pouvait suivre. Trop déterminé pour repartir chez lui, mais suffisamment bête pour finir mulet sur le port a tiré des chariots. Les prières que j'ai fait ce matin étaient vraies et sincères et mes prières m'ont conseillé d'en faire un berger. Puisqu'il est berger et bien il élèvera des moutons. Les nôtres. Comme nous avons l'intention de faire commerce de la laine, il nous faut bien un berger pour commencer. Ce sera BARNS.
Avec deux bonnes tapes sur l'encolure nos chevaux se sont avancés d'un pas rapide sans pour autant faire de bruit. J'ai pris le soin d'éviter les pavés. En avançant sur les côtés couverts d'herbe de part et d'autre de cette chaussée, il nous était impossible de ne pas voir un individu en marche.
PIERRE le vosgien
« C'est un berger rapide que nous cherchons, il a pris une bonne avance le gaillard.»
PH DE BEAUNE
« Je note.»
PIERRE le vosgien
« CHEVALIER, si tu mets la main sur BARNS, tu cours à ta perte!»
PH DE BEAUNE
« Pierre si je cours à ma perte, tu cours aussi à ta perte.
Notre SEIGNEUR dirige nos consciences, notre SEIGNEUR est notre raison d'être, mais toi et moi en tant qu'hommes nous suivons nos instincts les plus nobles comme les plus vils. «
PIERRE le vosgien
« Il faudra payer un jour pour ce que nous avons fait!»
PH DE BEAUNE
« Si tu vois SAINT PIERRE avant moi ne lui dis rien, il n'est pas tenu de tout savoir et de tout entendre, il est juste là pour ouvrir la porte.»
PIERRE le vosgien
« Et la balance de SAINT MICHEL, qu'en fais tu CHEVALIER?»
PH DE BEAUNE
« Quand tu verras SAINT MICHEL, tu t'assois sur le premier plateau et sur l'autre tu poses ton épée, après tout lui aussi porte l'épée, il comprendra. Entre gens d'armes, la courtoisie s'impose.»
PIERRE le vosgien
« Cette vilenie peut nous couter cher CHEVALIER!»
PH DE BEAUNE
« Je sais, 20 coups de fouets et la perte de l'habit.»
PIERRE le vosgien
« Si tu le dis.»
Je commence à être inquiet de ne rien voir, mais poursuivons, je me suis donné une heure, ouvrons l'œil. Alors en silence nous avons continué notre recherche. Rien. Pas la moindre trace de notre petit berger.
En traversant le quartier de LEITH je me suis fixé un but, à savoir ne pas aller au delà de cette limite. Et là sans rien voir de plus de notre côté, c'est ma jument qui par une suite de hennissement nous mis sur la piste de BARNS. Il était là devant nous. Elle l'a bien reconnu.
PH DE BEAUNE
« BARNS, comme tu peux le voir nous sommes à ta recherche et comme tu as pu l'entendre c'est ma jument qui t'appelle. Elle se souvient des bons soins que tu lui a donné. Si tu poursuis vers ce port, tu t'engages vers une mort à court terme, crois moi.»
PIERRE le vosgien
« BARNS, un berger est fait pour vivre dans une bergerie. Si tu montes sur ce cheval nous t'y conduirons. Tu élèveras tous les moutons que tu voudras.»
PH DE BEAUNE
« Dépêche toi de monter sur ce cheval, nous devons repartir, les autres nous attendent.»
Une fois que notre berger fut en selle et bien cramponné à celle ci, je lui ai repris les brides des mains pour les confier à mon Sergent PIERRE. A lui de le conduire et de lui apprendre à se tenir correctement sur un cheval.
PIERRE le vosgien
« OXLEY, tu peux m'appeler PIERRE.»
O BARNS
« SERGENT PIERRE!»
PIERRE le vosgien
« Non! OXLEY juste PIERRE, tu m'appelleras SERGENT PIERRE si je suis accompagné, tu comprends.»
O BARNS
« Oui je comprends et pour le Chevalier je l'appelle comment?»
PIERRE le vosgien
« Pour le CHEVALIER les choses sont simples, tu l'appelles CHEVALIER, un point c'est tout. Chaque chose en son temps.»
O BARNS
« PIERRE!»
PIERRE le vosgien
« Oui barns?»
O BARNS
« J'ai faim !»
J'ai repris la tête de l'expédition laissant PIERRE s'organiser de son mieux pour apprivoiser le jeune BARNS. Maintenant à nous de rejoindre les autres. D'après les empreintes laissées sur le sol, je peux dire s'ils sont proches ou non. En poussant un peu nos chevaux dans un trot léger pour gagner du temps, je dirais sans difficulté que nous aurons rejoint d'ici 10 minutes le Frère PASCALUS et les autres. Pour des raisons qui nous sont personnelles mon Sergent PIERRE restera avec BARNS en arrière de la troupe alors que je reprendrais mes fonctions auprès du Frère PASCALUS.
FRERE PASCALUS
« Vous avez fait vite Frère PHILIBERT?»
PH DE BEAUNE
« Je ne voulais pas priver ma jument de son nouvel écuyer, je la sentais nerveuse depuis la veille. J'ai fait au mieux.»
Tout au long de cette journée je me suis contenté de jeter un regard de temps en temps sur l'arrière pour voir si tout allait bien. Le Sergent LEONARD est venu à mes côtés pour reprendre ses bavardages m'assurant que tout allait bien. Notre route serpentait entre bord de mer et collines de bruyères sans trop entrer dans les terres. Pour cette fin d'après midi nous sommes accompagnés de la pluie. En temps ordinaire je ne suis pas contre une bonne averse, mais se faire arroser en novembre par de l'eau froide ne me plait pas du tout.
Nous voilà enfin parvenus au passage du bac.
SERGENT LEONARD
« KINCARDINE en vue !»
Voilà une bonne nouvelle, nous allons pouvoir nous mettre au sec dans une auberge. La première que nous verrons fera l'affaire. Ce soir que le confort soit ou pas n'est pas vraiment ma préoccupation. Deux choses comptent, une bonne écurie pour les chevaux et un logis correct pour les hommes avec un repas chaud. Le Frère PASCALUS vient de faire signe de la main droite désignant un établissement mi taverne, mi auberge et ceci ira très bien pour ce soir. L'écurie était presque vide ce qui laisse entendre que nous ne serons pas dérangés cette nuit. L'aubergiste est sorti sur le pas de sa porte pour nous accueillir et nous souhaiter bien venue. Nous avons trouvé l'intérieur bien chauffé. De la cuisine je pouvais voir deux ou trois chaudrons gardés au chaud au dessus des braises. A l'opposé face à la grande cheminée pendaient de longues cordes accrochées d'une poutre à l'autre. L'aubergiste nous fit comprendre qu'elles servaient pour le séchage des manteaux. C'est une bonne chose demain nous repartirons avec des vêtements secs. Pour des raisons de sécurité les archers dormiront dans le foin de l'écurie avec les chevaux.
Mais pour l'instant mangeons. Du premier bol servit je dirais une soupe de haricots avec des morceaux de lard pour le second bol je dirais un ragout mais je ne peux pas préciser exactement ce qu'il y a dedans. L'important c'est que ce soit bon, et nous avons tous trouvé cela très bon. Quand on a bien faim que ce soit de la vache, du mouton ou du chien si la viande est bien cuite avec du chou parfumé de muscade et de gingembre alors tout ce mange. Avant d'aller nous coucher nous avons profité de la bonne chaleur dégagée par la cheminée.
Pour finir la soirée l'aubergiste nous a servi du vin chaud ce qui n'est pas courant après un repas mais peut être qu'ici dans le nord de la Bretagne ceci aide à la digestion. Oublions ce repas et laissons les flammes nous réchauffer.
J'ai laissé le soin à mon Sergent de répartir les chambres pour la troupe. Je partagerai ma nuit en compagnie du Frère PASCALUS. Le Sergent ROLAND et le Sergent LEONARD resteront en bas dans le réduit qui sert de chambre à côté de la cheminé pour avoir chaud mais aussi pour avoir un œil sur nos vêtements suspendus sur les cordes. Mon Sergent PIERRE dormira au deuxième étage et partagera sa chambre avec BARNS.
Avant de me mettre au lit j'ai fait une longue prière, je devais parler à notre SEIGNEUR de choses importantes. Je lui ai demandé d'être auprès de tous les Frères, les plus proches comme les plus éloignés. De pardonner à l'aubergiste de nous avoir fait manger peut être du chien car la viande était un peu coriace même bien cuite. Le Frère PASCALUS soupçonne le maitre des lieux de faire cuire des produits de la chasse tout comme le renard, le loup ou le castor mais ce soir nous avons pu tout aussi bien manger du phoque ou un autre animal de mer. Malgré le vin chaud épicé j'ai eu plusieurs rots avec comme un gout de sauvage. Je demande au SEIGNEUR de veiller sur la santé de mes Frères et sur la mienne.
Oublions les mauvaises choses de cette journée et endormons nous avec les bonnes.
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