Quand il n'y a pas de cloche, il y a toujours un coq matinal dans la basse cour. C'est donc lui qui nous a servi de réveil. Le jour commence à ce lever. Il est peut être 6H30 ou 7H00.
Personnellement je ne remangerai pas dans cette auberge donc pas de repas ce matin. Nous étions tous du même avis. Nous quittons KINCARDINE le ventre vide mais heureux en pensant qu'un chien ou bien qu'un loup court en liberté. Après avoir sellé nos chevaux nous avons quitté notre auberge sans même nous retourner sans même saluer l'aubergiste. Qu'il aille au diable avec ses chaudrons.
Nous avons un peu d'avance ce qui me permet de mettre à jour ma carte en compagnie de PASCALUS. Après avoir traversé les villages de CULROSS et de TORRY BURN nous bifurquons par la route du sud en direction des petits bourgs pointés sur nos cartes. Le premier sera CAIRNEYHILL suivit de CROSSFORD tous deux situés en bord de mer. Le Frère PASCALUS me fait remarquer que nous empruntons la route du sud comme s'il pouvait y avoir un sud dans cette région. J'ai fini par faire comme les autres, j'ai mis mes gants.
Le ciel est gris, un peu comme hier et le vent souffle fort mais comme nos manteaux sont bien secs nous avons une bonne protection contre la rigueur de ce climat.
Aujourd'hui notre chemin nous fera contourner la grande baie ou se jette la rivière FORTH.
Sans pousser les chevaux nous devrions atteindre DUNFERMINE un peu avant midi. Ce soir nous dormiront à KIRKCALDY. J'ai demandé au Frère PASCALUS d'avoir meilleure main pour notre auberge de ce soir.
PH DE BEAUNE
« Que ceux qui veulent un bon repas ce soir lèvent la main.»
En levant la mienne le Frère PASCALUS a pu voir que nous étions tous du même avis.
PH DE BEAUNE
« Que ceux qui veulent de l'eau bien chaude et du savon pour leur lavement lèvent la main.
FRERE PASCALUS
« Trouvons une bonne auberge et je paierai.»
LA TROUPE
« Vive le Frère PASCALUS.»
Nous avons pris la route de DUNFERMINE avec une certaine bonne humeur. Le Sergent LEONARD nous a fait part de ses commentaires sur le repas d'hier soir, présenté par lui la soupe n'était plus vraiment de la soupe et pour lui faire du ragout comme celui-ci, pas besoin de connaitre l'art de la cuisine.
Comme nous étions sur la route du sud nous avons abordé DUNFERMINE avec une certaine connaissance rapportée d'EDINBOURG. Nous devrions trouver sur notre chemin la chapelle SAINT LEONARD. C'est ici que nous ferons notre pose de midi. Par la même occasion nous mangerons sur place dans une taverne de bonne renommée.
Avant de quitter DUNFERMINE nous nous sommes recueillis quelques instants dans la chapelle pour le salut du Sergent LEONARD c'est tout naturel, mais surtout pour rendre hommage à ce grand Homme que fut SAINT LEONARD l'ermite de PAUVIN.
Depuis plus d'une heure nous longeons une côte qui me rappelle des souvenirs , nous avons repris notre ordre de progression tout en faisant de temps en temps des pointages de lieux. Nous laissons le village d'ABERDOUR derrière nous. Cette côte ressemble un peu à celle que nous avons côtoyé le jour où le Frère SALOMON fut tué. Paix à son âme. Nous sommes sur une île donc les falaises et les baies se ressemblent avec une certaine régularité. Parfois grandes, parfois petites mais toutes avec quelques choses qui retient notre attention.
Nous pointons notre dernier repère, le petit bourg côtier de KINGHORN bâtit d'une vingtaine de maisons. En général dans les tous petits villages les gens ne se montrent pas ou très peu. Ici c'est un peu différent, nous voyons des têtes quand les portes s'entrouvrent sur notre passage. Ils n'ont peut être pas l'habitude de voir passé des moines à cheval.
KIRKCALDY enfin! Nous allons pouvoir nous reposer. Nous observons notre Frère PASCALUS car ce soir il doit nous trouver une bonne auberge, avec de la nourriture que l'on peu reconnaitre du premier coup d'œil. Nous aurons un bain chaud pour nous faire oublier cette longue journée à cheval. Afin de ne pas nous décevoir le Frère PASCALUS a fait un bref arrêt à la chapelle SAINT JEAN pour demander au moine qui se tenait devant la porte de nous donner une bonne information.
Ce soir nous dormirons à l'auberge du dragon rouge. En levant la tête nous regardons l'enseigne représentant la drôle de bête. Devant nous une grande cour, au fond un grand logis avec de grandes dépendances pour les chevaux. Des serviteurs sont venus à notre rencontre pour nous aider à nous installés.
FRERE PASCALUS
« Nous voulons un bon repas et des bains chauds avec des chambres pour cette nuit.»
Pour le repas la maitresse femme qui dirigeait les lieux nous fit part de l'état de sa table. Les trois ou quatre plats quelle nous a décrit me semblaient bien approprié pour des voyageurs qui venaient de loin. Pour les bains pas de problème non plus, nous les prendrons pendant la préparation de la cuisine. Pour les chambres, elle nous demanda de nous entasser dans les deux chambres libres qu’il lui restait. C'est mieux que rien, nous ferons un tirage au sort pour savoir qui dormira dans les lits ou sur les paillasses.
Les 3 grandes tables de l'auberge étaient pleines d'assiettes et chaque homme et femme mangeait avec bon appétit. Le bruit des cuillères étaient presque semblable à celui de nos réfectoires avec des paroles en plus. L'ambiance était bonne, un homme se leva et nous demanda d'où nous venions. Il fut un peu surpris d'apprendre que ce matin même nous étions encore à KINCARDINE. Mais je le crois surtout intrigué de voir des moines avec une épée à la ceinture.
La pièce pour les bains était au premier étage en face de nos chambres. Mais à notre grande surprise les cuviers étaient limités à deux. Suffisamment grands pour tenir à deux dedans et profiter de l'eau chaude, certes, mais un de plus n'aurait pas fait défaut. Le Frère PASCALUS et moi même ainsi que les Sergents ROLAND et LEONARD, nous passerons en premier. Mon Sergent PIERRE et BARNS avec les 3 archers suivront notre passage. Lorsque nous en auront fini avec nos lavements, nous descendrons pour notre repas.
En jetant un regard sur les tables j'ai vu que beaucoup de gens mangeaient des pieds de porcs grillés. Nous aurons donc du porc ce soir.
Mais pour commencer notre bol fut rempli par du bouillon de poule. C'est bien pour débuter mais ça ne tient pas au ventre. A suivre, les 2 plats nous ont apporté toute satisfaction. Du porc bien sur, bien cuit et légèrement grillé sur la braise, et 2 gros plats de haggis. Un peu surprenant au départ, le gout fort prononcé nous fit relever plus d'une fois la tête et vider nos verres. Pour des gens comme nous, peu habitués à cuire et à consommer ce genre de viande, je dois dire que ce fut une expérience nouvelle et pleine de sensations. Nous avons fait honneur au plat et nous avons vidé nos assiettes de bon cœur. Maintenant que nous sommes en ECOSSE à nous de nous habituer aux cuisines locales.
J'ai peu parlé ce soir à table, j'ai beaucoup observé, j'avais notre jeune berger assis en face de moi. Il m'a fait honneur, il était beau comme un ange. C'est au cours de ce repas que j'ai pu enfin dévisager OXLEY BARNS en toute tranquillité et découvrir son regard bleu. Cet instant sonnait comme une bénédiction j'en aurais presque oublié mes crimes. Disons mes actes de guerre, car la main de DIEU n'est pas criminelle. La justice qu'elle dispense ne saurait être impure. Faire justice et apporter l'ordre ne peut être reconnu comme un péché. Je me plais à admirer ce jeune berger pour sa beauté, s'il est là ce soir à ma table c'est que notre SEIGNEUR le veut bien. Qui à part lui a placé BARNS sur ma route. Le SEIGNEUR ne peut vouloir ma perte cette présence est à mes yeux un don divin. Pourquoi quelqu'un comme moi s'encombrerait l'existence avec quelqu'un comme lui. Servir mon ordre est la seule préoccupation que je connaisse, pourquoi dévirais-je de ma route. Si j'avais dû ramasser tous les pouilleux qui ont croisé mon chemin SEIGNEUR, j'aurai à mon service une véritable petite armée dévouée à mes services. SEIGNEUR réponds à ma question pourquoi BARNS au moment précis où je vais rejoindre mes Frères à SAINT ANDREWS. Que vais-je faire de lui? Je sais qu' il gagnera sa nourriture en brossant ma jument BONNE, mon cheval et le cheval de PIERRE et après. Je ne sais plus trop quoi penser, mes pensées sont un peu confuses. De nombreuses images secouent ma mémoire dans un drôle de désordre comme si plusieurs vies étaient mélangées. Des villes de FRANCE, d'ITALIE jusqu'aux rivages de la Terre Sainte et les derniers champs de batailles se sont superposées sans que je puisse intervenir. Je me suis serré la tête entre les mains pour que la tempête se calme.
J'ai regagné ma chambre avec une certaine satisfaction en essayant de ne penser à rien et à personne en particulier.
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