Ce matin je me suis réveillé à 5H00 en compagnie de CHRETIEN. Nous avons vite mangé des restes de canards d'hier soir et bu un grand verre de lait dans lequel nous avons trempé du pain. Sitôt habillés chaudement nous sommes descendus aux écuries pour seller nos chevaux. CHRETIEN tenait absolument à me faire découvrir la ville à l'aube. D'une chevauchée à l'autre nous avons fini sur le port encore plongé dans le sommeil le plus profond. D'EDINBOURG à SAINT ANDREWS il faut compté environ 3H00 par la mer, ce qui nous place à bonne distance pour mener une vie tranquille et surtout discrète sans être coupés de tous contacts. Mais ces 3H00 aller et 3H00 retour pour des décisions capitales peuvent paraitre un peu longues. Le choix de CHRETIEN de placer des hommes à nous sera à coup sûr un avantage. Nous devrions en tirer que du bon.
Après la promenade sur le port nous avons coupé par le quartier des indigents voués aux services des autres souvent pour un repas. CHRETIEN me fait remarquer que tous ces pauvres gens viennent ici pour une meilleure vie et tous finirons leurs jours dans cette médiocrité. La ville est grande mais ne peut pas nourrir tous ceux qui quittent leur campagne. Ils s'entassent dans ce quartier et y meurent de toutes sortes de maladies. Certains vont même jusqu'à se battre pour un travail, vivre ici avec des enfants est une épreuve de survie. Me voilà averti avec des arguments de poids pour convaincre OXLEY BARNS de ne pas finir dans ce trou. Si toute fois mes paroles ne sont pas assez fortes je lui ferai faire un petit tour dans ce quartier pour qu'il puisse juger de lui même de sa future destinée et après nous verrons bien. Je suis persuadé que dans sa petite tête il s'imagine être invincible, voir la réalité lui fera du bien et l'aidera à prendre une décision ferme.
A notre retour au château nous nous sommes attardés un long moment aux écuries, retenus en toutes courtoisies par JAMES DOUGLAS le lieutenant du Roi. DOUGLAS partait en mission avec son escorte à KELSO à la jonction des rivières TWEED et TEVIOT. Au cours de la conversation j'ai compris que la vie militaire de cet homme est des plus ardente. Visiblement assurer la tranquillité sur le sol d'ECOSSE n'est pas une mince affaire. Puisqu'il nous a souhaité bonne installation à SAINT ANDREWS, nous lui avons souhaité bonne chance pour son déplacement.
J'ai apprécié de voir que toute ma troupe était levée et en habit. Lorsque l'heure sonnera nous escorterons CHRETIEN jusqu'au port puisqu'il a prévu son départ ce jour vers midi. En attendant nous avons convié le Frère PASCALUS à une partie de Brandub, il est très agréable de jouer tout en parlant de tout et de rien, des choses du jour. Le Frère PASCALUS savait en entrant dans notre chambre qu'il allait jouer à ce jeu que l'on nomme le corbeau noir, mais prévoyant comme toujours il s'est assis à la table et en claquant la main ouverte sur la planche déposa par la même occasion ses trois dés. CHRETIEN et moi avons tout naturellement joué aux dés. CHRETIEN a beaucoup parlé avec cette franchise que nous lui connaissons tous, PASCALUS de son coté a posé de nombreuses questions et moi entre les deux j'ai tranché tantôt en faveur de l'un tantôt en faveur de l'autre dans les domaines où justice et prudence sont de mises. Ces deux heures passées à jouer furent enrichissantes, notre Frère PASCALUS nous avoua qu'il était prêt pour le travail qui lui sera confié. A lui de former son équipe, le Sergent ROLAND suivra son Chevalier coute que coute, les trois archers resteront avec lui pour sa sécurité.
D'un mot à un autre mot, j'ai recommandé à notre bon PASCALUS d'avoir à ses côtés soit le Chevalier GATIEN DE BREUIL connu pour être fin stratège et accompagné de ses deux Sergents ou bien le Chevalier GUY DE LAUNAY plus souple en matière de diplomatie accompagné également de deux Sergents et d'un écuyer. Il aura tout le temps nécessaire à SAINT ANDREWS pour se faire une idée des deux hommes de mon choix. Attendre le retour du troisième convoi et choisir d'autres Chevaliers c'est ouvrir une porte à GUILLAUME DE TOURVILLE. A nous de jouer avec les forces en présence, pourquoi attendre alors que nous disposons d'hommes sûrs.
CH DE LUSIGNY
« Mes Frères il est l'heure de mon départ, je vous dit à dimanche au plus tard. Rejoignons les autres.»
Les archers nous attendaient dans leur chambre la porte grande ouverte face à la nôtre. Les autres étaient déjà descendus aux écuries l'épée à la ceinture.
En moi même je me suis dit que cette sortie fera du bien à tout le monde, je retraverserai le quartier que j'ai vu ce matin afin que BARNS puisse voir de ses yeux la vie à laquelle il prêtant.
Le port que je voyais de jour n'avait plus rien à voir avec celui de ce matin, tout bougeait dans tous les sens, il y avait beaucoup de monde occupé dans divers domaines. Les acheteurs, les vendeurs et les autres. Un navire qui part, deux qui arrivent, tout est vivant alors que quelques heures plutôt il n'y avait pas un rat en vue. Notre bateau est bien là, je dis notre bateau car la voile porte une croix ce qui fait de lui un vaisseau unique. Après avoir installé le cheval de CHRETIEN à bord dans sa stalle, je suis descendu quelques instants dans la cale avec mon Frère d'armes. J'ai pu voir qu'il ne repartait pas les mains vides.
Je serais bien resté à bord pour voyager avec CHRETIEN, mais ma route à moi est différente et nos obligations différentes aussi. Je dois suivre mes cartes et inscrire sur mes feuilles de route tous les repères croisés ou vus pour permettre aux Frères en charge de copier de nouvelles cartes d'y porter mes informations.
PH DE BEAUNE
« Donne mon salut à notre Maitre ANTOINE, je suis bien triste mon Frère mais ce n'est qu'un au revoir.»
Nous sommes restés là quelques instants le temps que le bateau s'éloigne un peu.
Comme je me le suis promis, nous nous sommes autorisés un petit détour par le quartier que j'ai eu le plaisir de découvrir ce matin. Etant donné que je connais le chemin j'ai demandé à mon Sergent PIERRE d'être à mes côtés manière de bavarder ensemble. j'ai trouvé intéressant de laisser le jeune BARNS en compagnie du Sergent LEONARD juste derrière nous. Je tiens à être fixé sur ses réelles intentions. En voyant de près la grande misère, il ne devrait pas tarder à interpeller LEONARD. Faisons mine de rien et avançons.
Je me doutais bien qu'avec BARNS il ne fallait pas beaucoup de miel pour qu'il morde dans le pain.
O BARNS
« Dis-moi LEONARD»
SERGENT LEONARD
« SERGENT LEONARD»
O BARNS
« Dis moi SERGENT LEONARD, pourquoi le Roi ne donne pas à manger à ces pauvres gens.»
SERGENT LEONARD
« Le Roi ne leur a pas demandé de venir vivre ici, ils sont venus de leur propre volonté. Ils ont fait comme toi. Ils se sont dit qu'en quittant la campagne ils trouveraient travail et abondance dans la grande ville. Alors ils sont là, ils attendent du travail et si le travail ne vient pas ils n'ont rien à manger et ils meurent et le petit BARNS avec.»
O BARNS
« Tu veux dire SERGENT LEONARD que je n'ai aucune chance de vivre ici?»
SERGENT LEONARD
« C'est ça, aucune!»
Et là, nous avons eu droit à un grand silence quasiment jusqu'à la porte de l'écurie du château. Je sais que les questions ont dû se bousculer dans sa petite tête mais peut être pour son bien.
O BARNS
« Dis-moi SERGENT LEONARD»
SERGENT LEONARD
« Oui BARNS»
O BARNS
« Qu'est-ce que je dois faire?»
SERGENT LEONARD
« Tu es berger! Alors retourne d'où tu viens et soit berger. La campagne te nourriras et tu vivras.»
O BARNS
« Mais tu ne comprends rien LEONARD, SERGENT LEONARD, là-bas il n'y a rien pour moi.»
SERGENT LEONARD
« Que vas-tu faire?»
O BARNS
« Je veux vivre, je partirai demain matin.»
A l'heure de repas, j'ai mangé avec mon Sergent PIERRE, je devais entendre ses conseils. Les autres ont mangé ensemble dans la chambre des archers. Le Sergent LEONARD est venu discrètement nous rejoindre pour me faire part de la décision du jeune BARNS. Je dois reconnaitre que mon verre de vin a eu du mal à passer. Je le savais têtu mais pas borné comme une vieille souche ancrée au sol. Après le départ de LEONARD j'ai expliqué à mon Sergent mes intentions. J'ai bien vu à son regard que je lui en demandais beaucoup, mais que j'avais besoin de son aide. Nous avons bu un verre de plus pour que la raison l'emporte.
PH DE BEAUNE
« Nous ferons comme tu as dit, bonne nuit CAILLOU.»
PIERRE le vosgien
« Dors tranquille CHEVALIER, les archers fermeront la porte à clef pour cette nuit. Il n'ira nulle part avant la cloche de 8h00»
PH DE BEAUNE
« Bien!»
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