Les coqs de l'auberge ont chanté vers les 6H00. Sitôt réveillés, des serviteurs ont frappé à la porte pour servir notre repas. Nous avons mangé tranquillement tout en étudiant notre carte. Le Frère PASCALUS a changé d'avis au cours de la nuit. Ce matin il préfère ne plus suivre la route de la côte qui d'après ses calcules prolonge notre voyage de deux à trois jours supplémentaires. Nous reprenons notre tracé d'hier afin de faire naitre une nouvelle route plus courte à travers la campagne.
Nous passerons par DYSART, je pose une pièce sur le bourg voisin du nom de WEMISS. En suivant j'avance une autre pièce sur BUCKHAVEN. De là nous avancerons vers la ville de LEVEN face à la mer. Je propose à PASCALUS de faire route ensuite jusqu'au village de DRUMELDRIE et de là je pose ma dernière pièce sur COLINSBURG qui deviendra notre prochaine étape de nuit.
Un peu après 7H00, nous nous sommes octroyés une pose le temps d'une prière. Je reconnais que nous avons manqué depuis un certain temps à beaucoup de nos devoirs. Prier est important car à ce moment très précis ce sont toutes nos prières qui convergent vers le même but qui forme et préserve l'unité du TEMPLE. Sur le coup des 8H00 nous avons pris la direction des écuries, tout le monde était près. Nous avons sellé nos chevaux avec une certaine hâte car cette étape est la dernière avant SAINT ANDREWS.
Pour ouvrir la route ce matin je suis en compagnie du Sergent ROLAND, le Frère PASCALUS nous suit de la longueur d'une longe suivit à son tour des 3 archers. C'est le Sergent LEONARD qui ferme la marche accompagné de mon Sergent PIERRE et d'OXLEY BARNS. En trois heures nous avons couvert une bonne distance, après avoir laissé derrière nous le gros village de BUCKHAVEN nous faisons route d'une façon plus modérée en direction de LEVEN.
Ce sera notre ville étape pour notre pose de midi.
Arrivés à LEVEN nous nous sommes ravitaillés à la taverne LINKS bâtit juste en avant de la baie. Nous avons pris notre repas en tout bien et tout honneur assis sur de gros rochers face à la mer. BARNS qui n'avait jamais vu la mer regardait cette masse bleue sombre avec une certaine curiosité. Je lui est expliqué le mouvement des vagues, je lui ai dit aussi que cette eau était salée. Ce qui est facile à dire n'est pas toujours facile à comprendre. J'ai donc demandé à BARNS de me suivre pour qu'il juge de lui même. Nous avons traversé la plage et là seul devant ce grand vide je me suis senti libéré de toutes mes obligations comme si je devais de nouveau affronter la vie et repartir de rien comme BARNS. Dans un mouvement de la main j'ai recueilli un peu d'eau de mer et j'ai dit à BARNS d'en faire autan. Une fois la chose réussie je lui ai dit de porter l'eau à sa bouche et de la gouter. En fait il n'y a que comme cela que l'on apprend vraiment. Voir est une chose mais toucher et gouter cette eau restera pour lui une bonne leçon pour les choses à venir. Comme je le dis souvent si tu ne connais pas, apprend en suite tu pourras dire et juger. BARNS sait désormais que nous disposons de beaucoup d'eau mais que nous ne pouvons pas la consommer, ni pour nous même ni pour l'agriculture. Dès que nous serons correctement installés j'ai décidé de reprendre son éducation. Je le ferai lire, cet exercice lui fera le plus grand bien et complètera son savoir.
Pour l'écriture je lui demanderai de recopier les prières de mon livres. Nous commençons par là.
Nous sommes repartis sous une petite averse juste de quoi mouiller la crinière de mon cheval. J'ai laissé ma place d'ouvreur au Sergent LEONARD. La compagnie de Sergent ROLAND est certes très agréable mais il parle si peu que le temps en devient ennuyeux. Parfois un mot en pousse un autre mais généralement avec lui c'est oui, non, parfois une phrase entière et là cet un grand jour pour tout le monde. Il y a des gens comme lui qui n'aiment pas parler et je peux les comprendre, ROLAND fait parti de ceux là. Je suis content de retrouver mon Sergent PIERRE et ses bavardages.
PH DE BEAUNE
« Comment se comporte notre nouveau cavalier?»
PIERRE le vosgien
« Mieux, il gagne en assurance un peu plus chaque jour que DIEU fait.»
PH DE BEAUNE
« Il est important que tu apprennes vite à te tenir correctement sur un cheval, car tu en feras un usage fréquent dès que tu seras dans la bergerie. S'il te manque un mouton comment feras tu?»
O BARNS
« Mais CHEVALIER, Les bergers gardent leurs moutons à pieds!»
PH DE BEAUNE
« Je suis d'accord avec toi mais comment feras tu avec plusieurs centaines de moutons?»
O BARNS
« Je ferai comme j'ai toujours fait, tu en prends un, jeune de préférence et tu l'élèves. En grandissant il reste avec toi et partout où tu iras il te suivra et tous les autres le suivront, pas besoin de cheval.»
PIERRE le vosgien
« Tu vois CHEVALIER, les moutons sont plus facile à conduire que les vaches!»
PH DE BEAUNE
« Dommage que l'on ne puisse pas en faire autan avec tout le monde.»
FRERE PASCALUS
« Ton jeune protégé est plein de bon sens Frère PHILIBERT.»
PH DE BEAUNE
« Tu sais Frère PASCALUS que les seuls moutons que j'ai vu de près étaient dans mon assiette.»
FRERE PASCALUS
« L'élevage te feras le plus grand bien Frère PHILIBERT, tu découvriras qu'un mouton ce n'est pas seulement de la laine pour les manteaux ou du ragout.»
PH DE BEAUNE
« OXLEY n'écoute pas le Frère PASCALUS, j'adore les moutons et tout ce que je ne sais pas au sujet de leur élevage je compte sur toi pour me l'apprendre.»
J'ai inscrit sur ma carte notre nouveau repère du nom de DRUMELDRIE, tout petit village isolé à travers champs mais placé sur la route de SAINT ANDREWS. Comme je l'ai déjà dit les chiens et les poules sont souvent plus nombreux que les gens, dans un village aussi petit aucune âme en vue sur notre parcours.
Une certaine bonne humeur se lisait sur nos visages, nous étions seuls sur un bout de chemin de campagne écossaise en route pour découvrir notre dernier village de la journée.
A notre arrivée à COLINSBURG en fin d'après midi je fus surpris par la disposition de cette petite ville.
Toutes les maisons sont bâties de part et d'autre d'une route unique en s'étirant loin dans la campagne. Alors que tout ce que nous connaissons depuis toujours est conçu en forme de roue ou d'escargot. Je n'ai toujours pas vu de chapelle.
Par-ci, par-là des regards curieux, pour une fois nous voyons des hommes et des femmes. De jeunes enfants sans peur nous suivent à bonne distance. J'ai l'impression que notre présence en ces lieux intrigue les gens. Ils seront encore plus intrigués quand ils verront que nos mettons pied à terre chez eux pour y passer la nuit.
Nous avons dépassé une taverne à mi parcours espérons qu'il y en aura d'autres le long de cette route sinon nous serons obligés de faire demi tour. Le Sergent LEONARD nous signale une nouvelle auberge en vue. Soyons bons Seigneurs et ne cherchons pas plus loin. A petit village, petite auberge mais pour une nuit qui s'en plaindra. L'auberge GRAIGDENE a tout ce qu'il faut pour charmer le visiteur. Mais avant toute chose d'abord le pansage des chevaux avec le coup de brosse qui délasse et rassure. Après avoir rangé nos selles et nos sacs dans nos chambres nous avons eu plaisir de découvrir notre table.
Du petit chaudron posé sur la table j'ai pu entrevoir un genre de soupe de couleur rouge. Très certainement de la courge. J'en mangerai un bol, mais pas deux fois. Je préfère la soupe de pois avec des lardons. La suite était facile à deviner une dizaine de poulets étaient embrochés dans la cheminée. C'est très bien pour ce soir mangeons léger.
Assis entre la porte de la cuisine et la cheminée un homme sans âge nous accompagna tout au long de notre repas de sa cornemuse en alternant de temps en temps avec un flutiau.
Rien de surprenant à cela, de mon passage à EDINBOURG j'en garde un souvenir assez prenant.
Nous n'étions pas seuls à manger dans cette auberge, la seconde table était occupée par un moine, deux hommes et cinq femmes dont les tenues élégantes mais retenue par la bienséance provinciale ne laissaient aucun doute sur leur vie sociale, je dirai une réunion d'honnêtes bourgeois faisant commerce.
Avant de regagner nos chambres nous sommes restés à parler devant la cheminée pour profiter de ses biens faits.
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