Notre réveil plus matinal que ces derniers jours devait nous faire oublier les délices du moine BEREM. Fini les plats de sucreries et l'odeur du bon pain qui enivrent encore mes pensées. Nous voici de nouveau plongés dans la vie communautaire et rigide que nous avons pour habitude de suivre. Reprendre le pas n'est pas une corvée en soit mais en portant un regard à la dérobé aussi bien sur mon Sergent PIERRE suivit de LEONARD, que sur SPINELLI et le Sergent ROLAND, je vois bien qu'au fond de leur regard il y a quelque chose de différent.
Faisons mine de ne rien voir.
Dire que nous ferons de nouveau arrêt à SHAP est une bonne chose. Nous retrouverons notre excellent forgeron Maitre CORING qui se fera un plaisir de vérifier l'ensemble des chevaux. Vu le troupeau nous pouvons être amené à revoir notre date de départ d'un jour où deux.
A SHAUN
« Dites moi si je me trompe Frère PHILIBERT mais j'ai l'impression que tes Sergents et archers qui ouvrent la route ont une parfaite connaissance du terrain?»
PH DE BEAUNE
« Frère ANDREW tu as entièrement raison; nous descendons de CARLISLE et cette route est encore imprimée dans nos mémoires.»
G DE TOURVILLE
« Vous descendez de CARLISLE Frère PHILIBERT ?»
PH DE BEAUNE
« Beaucoup de chose sont venues contrarier mes plans. Notre débarquement à LANCASTER n'a pu avoir lieu pour des raisons de mauvais temps si bien que nous nous sommes retrouvés très au nord et à partir de là toutes nos cartes n'avaient plus de sens. Notre arrivée à CARLISLE relève de la prière car sans l'aide de nos SAINTS, jamais nous n'aurions pu faire la jonction jusqu'à ce lieu. La Bretagne est un pays bien étrange.»
A SHAUN
« Tu aurais du prendre un guide cela t'aurait épargné bien des soucis.»
G DE TOURVILLE
« Eh oui, le Frère SHAUN a raison Frère PHILIBERT vous auriez du prendre un guide en quittant l'île de MAN.»
PH DE BEAUNE
« Maitre GUILLAUME les rares personnes qui vivent sur l'île de MAN mangent des racines et de l'oseille sauvage en tuant une poule sauvage de temps en temps. Le feu de SAINT ANTOINE a privé l'île de toute vie ou presque. Les villages au centre ne sont que ruines et les pauvres gens qui survivent se terrent pour échapper à la folie des autres. Il nous aurait été très difficile de trouver un guide vu les circonstances.»
A SHAUN
« Vos Frères sont-ils bien installés?»
PH DE BEAUNE
« Oui Frère SHAUN, la forteresse de PEEL n'est pas touché par le fléau seulement par la disette. Les moines qui nous ont accueilli avaient pour certains du mal à tenir debout.»
A SHAUN
« Prions pour eux et que des jours meilleurs viennent sonner à leur porte.»
Nous avons continué notre route en grand silence. Même si le drame n'est pas aussi fort que je l'ai décrit, Maitre GUILLAUME a bien ressenti que notre route ne fut pas aussi belle qu'elle aurait du l'être. En touchant son côté sensible de vieil homme, il ne devrait plus poser trop de questions sur les évènements qui ont guidé mes choix. Quant à cette belette de SHAUN, je lui rappellerai ses prières pour qu'il se tienne en silence. Je l'aime beaucoup mais moins il me questionne, mieux c'est, aussi bien pour lui que pour moi.
Comme prévu, chemin faisant, nous sommes arrivés à SHAP en fin d'après midi. Notre retour apporta de la joie au forgeron CORING, il nous avoua qu'il n'avait jamais vu autant de chevaux d'un coup. Le constat qu'il porta sur l'état des sabots nous fit comprendre qu'il lui faudrait au moins 3 jours à lui et ses fils pour nous donner satisfaction.
GUILLAUME DE TOURVILLE hocha la tête, pas très heureux de cette échéance. Mais puisque nous sommes arrivés jusque là, nous pouvons bien nous permettre de perdre trois jours.
Nous avons monté notre campement à la sortie de SHAP sur les vastes étendues où d'ordinaire paissent vaches et moutons. Il faut savoir se contenter de peu, aujourd'hui c'est peu, un jour prochain viendra nous apporter plus, soyons patient. Je suis toujours patient et surtout optimiste en toutes circonstances. Si aujourd'hui je me console d'un bol de soupe et d'une tranche de pain peut-être que demain le destin m'offrira un repas de roi. En fait ce qui compte ce n'est pas ce qu'il y a réellement dans l'assiette car manger pour manger il faut bien le faire tous les jours. Ce qui compte en réalité c'est tout ce qu'il y a autour de l'assiette. Je l'ai compris à KENDAL devant les plats qui nous étaient destinés, faits pour nous, seulement pour nous.
Nous avons quitté SHAP au matin du MARDI 7 NOVEMBRE et je dois reconnaitre que cette pose de 3 jours fut une bonne chose car elle a permis à tout le monde de se reposer en corps et en esprit. Nous avons repris le rythme de nos prières aussi bien de matin, de midi et de soir avec la même ferveur que nous les avions abandonnées. Mon Sergent PIERRE a raison, nous sommes plus soldat que moine. Depuis notre départ de PARIS bien des choses ont changé dans ma tête. Notre départ n'est pas sans raison, notre avenir nous apprendra peut-être à vivre différemment.
EN quittant SHAP nous avons repris la route en direction de PLUMPTON. Ce qui était vrai la semaine dernière l'est toujours, la peur de la peste. Nous restons très éloignés du village, de toutes les façons, les gens ont peur, personne ne circule.
Il va de soit que nous éviterons PENRITH pour les même raisons.
Commentaires