C'est toutes crinières au vent que nos chevaux ont repris la route. Ce qui devait être une journée de repos pour tous s'est transformée aux yeux de certains en une incompréhension totale. Pour les questions du jour, j'ai dirigé tous les Frères et Sergents vers le Frère PASCALUS qui, beaucoup plus diplomatique que moi, s'est chargé de calmer les inquiétudes des uns et les souffrances des autres.
Afin de rattraper mon étourderie, je me suis porté en tête de la troupe pour l'ouverture de la route et faire en sorte que la cadence soit soutenue jusqu'à notre première ville WREAY. Je ressens comme un gros coup de fatigue même si j'ai dormi 3H00. Le bavardage joyeux de mon Sergent me tient en éveil, chevauchant à mes côtés je me sens en quelque sorte moins seul dans mes pensées. Loin du regard des autres, je peux lui dévoiler la route que nous allons suivre. Je lui demande d'ouvrir l'œil pour me signaler les repaires qui jalonnent la piste.
Quand je pense que nous chevaucherons de nouveau sur ce même chemin dans 5 jours mais cette fois ci dans le bon sens en compagnie de Frère GUILLAUME et de tous les Frères du troisième convoi nous n'aurons plus à nous soucier des indices et de nos cartes. Lorsque nous dépasserons le village de WREAY je proposerai à mon Sergent d'alterner bavardages, prières et somnolences jusqu'à ce que nous atteignons la bourgade de CALTHWAITE. Ce qui nous permettra de nous reposer tous les deux en alternance. Je me suis retourné plusieurs fois afin de m'assurer du bon suivit de la troupe et à chaque fois je voyais le Frère SPINELLI me faire de grands gestes de la main me signifiant ainsi sa colère. Ca lui passera vite, ROBERTO n'est pas homme rancunier.
PIERRE le vosgien
« Le Frère SPINELLI remue beaucoup des mains quand il est en colère souhaitons qu'il n'attrape pas la lèpre, sinon je ne vois pas comment il pourrait tenir son cheval et te parler en même temps!»
PH DE BEAUNE
« PIERRE! Récite-moi 2 paters pour te faire pardonner.»
Ce qui est bien avec mon Sergent, c'est qu'il s'exécute de suite à sa tache pour être libéré rapidement afin de reprendre ses éternels bavardages. Le Sergent LEONARD a fini par nous rejoindre fatigué par l'esprit maussade de ROBERTO. Je pense que ma route ne sera pas triste entouré par LEONARD à ma droite et de PIERRE à ma gauche, je ne peux que me réjouir du temps passé en leur compagnie.
Première escale, il est 10H00. Nous nous arrêtons quelques instants à la fontaine bâti à l'entrée du village de WREAY. Cette eau fraiche est une bénédiction. En poussant un peu plus loin, une odeur agréable de viande fumée s'échappait d'un fournil voisin. Nous avons remonté la piste jusqu'à lui et accepté contre quelques pièces de bonnes tranches de lard tout juste sorti du four. De quoi apaiser les ventres affamés pour le repas de ce soir. Un petit village très paisible aux yeux de tous composé d'une vingtaine de maisons toutes propices à l'élevage des moutons et des poulets. En passant devant la chapelle ornée d'un monstre mi dragon, mi serpent le Frère PASCALUS demanda à la troupe de se joindre à lui pour une prière au grand contentement des braves gens qui se sont joints à nous pour ce bref office. Mais son auberge plantée sur la place fut bonne à visiter. L'aubergiste nous servit à chacun un bon verre de vin. Le Frère PASCALUS qui est notre trésorier pendant ce voyage nous offrit 3 beaux poulets et 2 solides lapins bien grillés. PASCALUS connait bien son monde, même le Frère ROBERTO a fini par lever le coude et mettre en sourdine les nombreuses lieues qui nous ont conduits jusqu'ici.
ROBERTO SPINELLI
« Je lève ma coupe de ce bon vin à la santé de mes Frères et à cette bonne auberge. Dis moi aubergiste rappelle moi le nom de ton pays?»
L'AUBERGISTE
« Vous êtes à CALTHWAITE, Chevalier.»
PH DE BEAUNE
« A la santé de CALTHWAITE; Mes Frères, finissons ce repas et reprenons la route.»
L'AUBERGISTE
« Si votre route est encore longue Chevalier, vous pouvez prendre du repos pour cette nuit dans mon auberge.»
PH DE BEAUNE
« Je te remercie l'aubergiste mais nous devons reprendre la route pour rejoindre PENRITH.»
L'AUBERGISTE
« Chez les pesteux!»
PH DE BEAUNE
« Peu importe l'aubergiste, nous serons à PENRITH avec ou sans peste.»
L'AUBERGISTE
« Alors bonne route Chevalier!»
Depuis plus de deux heures, nous suivons avec précision la route tracée. Nous voilà à l'approche du village de PLUMPTON.
PIERRE le vosgien
« Dis-moi CHEVALIER, nous ne sommes pas obligés d'entrer dans la ville de PENRITH?»
PH DE BEAUNE
« Tu as peur de quoi?»
PIERRE le vosgien
« De la peste!»
PH DE BEAUNE
« PIERRE, l'aubergiste à des poulets à vendre et du vin en abondance et nous nous avons de l'argent, c'est la seule raison qui l'a poussé à dire que la peste à fait main basse sur la ville de PENRITH; Mais si ça peut te soulager nous pouvons dormir dehors loin de la ville.»
PIERRE le vosgien
« Oui! Ça me soulage.»
PH DE BEAUNE
«Bien dormons dehors. Fait passer le message aux autres, nous arrivons en vue de PLUMPTON nous y passerons la nuit!»
SERGENT LEONARD
« Qu'est-ce qui se passe?»
PH DE BEAUNE
« Rien! Nous allons dormir au prochain village à PLUMPTON.»
SERGENT LEONARD
« Alors c'est vrai, il y a la peste?»
PH DE BEAUNE
« Si PENRITH est infestée, demain nous verrons les feux et nous contournerons à travers champs. Fait passer le message aux autres»
SERGENT LEONARD
« Très bien, contournons avec largesse.»
PIERRE le vosgien
« Je trouve LEONARD très raisonnable.»
PH DE BEAUNE
« PIERRE, le Sergent LEONARD n'est pas raisonnable, il n’a surtout pas l'intention de se baisser pour ramasser les morts et encore moins de les brûler.»
Pour les 5 ou 6 Kms qui nous éloignent de CALTHWAITE, je considère que cette journée est cuite, les chevaux le sentent d'eux même et reprennent le pas. Afin de rester à l'ombre de la population de ce petit village de PLUMPTON nous dormirons dans une grange pour notre nuit. En levant le nez au ciel, je vois bien que les nuages se rapprochent et à coup sur nous aurons la pluie. Si nous trouvons une grange dans le secteur ce sera très bien sinon nous nous contenterons d'une bergerie
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