Depuis plus de deux heures, nous remontons en direction du nord et nous n’avons toujours pas vu de villes, de villages, de cheminée isolée, rien et personne comme si les gens d’ici ne vivent pas sur la côte. Les falaises sont belles mais moins hautes qu’en Bretagne, nous longeons de grandes plages. Notre premier repère est le port d’ARKLOW mais pour l’instant rien en vue. La nappe de brouillard qui étouffe la côte est si étendue que je ne distingue pas grand-chose. Peut-être que nous sommes déjà passé, ouvrons l’œil.
Mes prochains repères à venir, je nomme la baie BRITTAS et la pointe WICKLOW. Je demande à notre vigie de m’avertir de la situation. Nous naviguons bien au large des côtes mais ARCHAMBAULT préfère tenir cette route. La brume laiteuse qui ne se lève toujours pas masque abondement la côte. Nous sommes partis depuis plus de 3H00, nous devrions être en face de la ville de BRAY mais je ne vois rien.
La baie KILLINEY est passée sous silence.
Mais rien de grave nous avons de quoi nous occupé avec tous nos pensionnaires à bord, leur comportement est plutôt raisonnable, ils ne semble pas trop souffrir du manque d’espace.
Je viens de passer une bonne heure avec mes chevaux et je me sens bien. Les moutons retiennent beaucoup de notre attention, je suis surpris de les voir aussi gourmands, ils mangent tout le temps. J’ai expliqué à mon Sergent PIERRE que notre nouvelle vie commence avec eux, mais je ne suis pas sûr qu’il soit prêt pour ça.
Notre vigie nous signale une baie en vue et bien dégagée avec une ville en fond de baie. En regardant sur ma carte ce repère correspond à la baie de DUBLIN, donc nous sommes beaucoup plus haut que prévu. La côte commence à apparaître, le temps s’améliore.
ARCHAMBAULT me fait signe que nous avons dépassé la pointe CALLYSTOWN.
Je trouve le Frère ARCHAMBAULT et aussi le reste de la troupe emprunt d’une certaine sérénité. Pour eux la route s’arrête demain au château de PEEL c’est peut-être cela qui les rend de bonne humeur.
L’excitation qui palpite en chacun de nous fait que cette nuit sera ouverte aux dialogues. Je reconnais être impatient de découvrir PEEL et l’île de MAN.
Sergent LEONARD
« Estuaire de rivière en vue. »
A DE VEZELAY
« Manoeuvrez pour l’entrée en rivière. »
Les petites indications notées sur ma carte sont autant de précisions que d’avertissement. A la lecture de ces écrits la ville de DUNDALK est bâtie loin dans l’estuaire de sa rivière. Nous avançons lentement. A première vue l’estuaire est large mais confus avec de nombreux bans de sable. L’aspect boueux m’intrigue et rend notre progression incertaine. Aidés de grandes perches nous faisons avancer notre navire avec beaucoup de peine. ARCHAMBAULT demande l’arrêt du convoi et ordonne au Sergent LEONARD d’actionner la petite cloche de détresse, ce qui fera stopper immédiatement la progression des autres.
A DE VEZELAY
« Ce port est envasé et rend notre approche dangereuse, de mon avis, nous faisons une erreur de vouloir nous aventurer plus en avant vers la ville. »
FRERE ANTELLUS
« Faisons demi tour, le chenal principal ne me parait pas en passe de recevoir des bateaux de fort tonnage. »
PH DE BEAUNE
« Le regard de Frère ANTELLUS ne laisse pas d’autres alternatives. Les berges sont jonchées de barques de pêche plus ou moins abandonnées. »
FRERE ANTELLUS
« Je dirai que des pluies abondantes ont forcé la rivière et que la boue bloque toute activité. »
PH DE BEAUNE
« Ceci n’explique pas tout ! Nous n’avons toujours pas croisé les habitants du lieu ? »
Sergent LEONARD
« Des habitants non, mais un groupe de 5/6 chiens plus en amont. »
A DE VEZELAY
« Il y a quelque chose ici qui ne tourne pas rond. Foutons le camp, vite. »
FRERE ANTELLUS
« Regroupons les bateaux à l’entrée de l’estuaire pour la nuit. »
PH DE BEAUNE
« Tu penses à quoi ARCHAMBAULT ? »
A DE VEZELAY
« A la peste »
FRERE ANTELLUS
« La peste ici, je n’y crois pas. Mais peut-être la lèpre, la variole ou alors le feu de SAINT ANTOINE. »
PH DE BEAUNE
« Quittons ces lieux mes Frères, il n’y a rien ici pour nous. Reprenons la mer et allons plus au nord. »
A DE VEZELAY
« ANTELLUS qu’en dis tu ? »
FRERE ANTELLUS
« Je suis d’avis que l’on reprenne la mer. »
A DE VEZELAY
« Sergent LEONARD prend la corne et sonne 3 fois pour avertir les autres. »
La caravane reprend la mer, ici sur DUNDALK nous n’en saurons pas plus. Il nous reste 3H00 avant la nuit, ce qui nous laisse le temps de nous mettre à l’abri pour notre escale.
Je regarde sur ma carte soit nous poussons jusqu’aux abords de KILKEEL ou alors nous restons en rade dans la baie de ROSTREVOR qui me semble être un bon point compte tenue de ce que nous venons de voir.
Les oies enfermées dans leurs caisses sur le pont dorment tranquilles ce qui est bon signe. Afin de mettre toutes les oreilles en éveil, j’ai attaché un beau coq noir au pied du petit mat. Pour l’instant il dort mais je suis sûr qu’il a bonne oreille. Cette après midi il nous a fait partager sa voix, s’il entend quelque chose l’avertissement sera sonore.
Notre nuit sans sommeil fut longue, froide et surtout passée à observer toute présence sur la côte. Quelques rares feux dans le lointain nous renseignèrent sur la présence supposée d’habitants.
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