PARIS, MERCREDI 27 SEPTEMBRE 1307
GABRIEL vient de fêter ses 22 ans en avant-veille, tout fier de me rejoindre et de
Chevaucher à mes côtés, ensemble, dans les sous bois de cette forêt familière
De SAINT GERMAIN. Il était libre comme un oiseau mais placé sous ma protection
Et pouvait à tout moment rompre le silence en paraissant à la porte de TEMPLE.
Une gravité soudaine plongea son visage dans une tristesse sans faute, d’un geste
De la main, je lui relevais la tête afin de croiser son regard, je devais garder confiance
En toute chose et en tout point et rester vigilant. Les temps étaient incertains et
L’hostilité grandissante forgée de toute pièce par une propagande savamment mise en
place par ce rapace de BEL attisait des propos haineux à l’encontre de notre MAISON.
Méfiez vous du chien qui vous mange dans la main, car il peut aussi vous mordre.
Dès le premier jour où j’ai rencontré GABRIEL CASTELET, j’ai su que je pouvais
Lui faire confiance, pourquoi je ne sais pas, c’est comme ça, unit peut-être par cette
attirance ou cette fascination qui vous pousse à commettre l’irréparable. Mais peut-on
toujours repousser l’instinct humain. Il était là et c’est tout ce qui compte à ce jour.
PH DE BEAUNE
« Pourquoi cette tristesse, tu peux tout me dire, soulage ta conscience »
G CASTELET
« J’ai entendu une conversation qui parlait de vous les templiers
PH DE BEAUNE
« Dis moi ce que tu sais, chaque mot à son importance
G CASTELET
« Ma bonne mère parlait avec PONTUS de choses bizarres, ils étaient agenouillés
dans leur chambre et priaient . Ma mère semblait affolée et PONTUS lui tenait
la main tout en priant
PH DE BEAUNE
« Comment ça »
G CASTELET
« J’ai un trou dans le plancher de ma chambre et delà je peux voir et entendre
PH DE BEAUNE
« Dis moi ce qui te trouble »
G CASTELET
« C’est ce que ma mère a dit à PONTUS »
PH DE BEAUNE
« Calme toi et parle lentement »
G CASTELET
« J’ai jamais vu ma mère dans un tel état, elle était blanche comme une morte »
PH DE BEAUNE
« Je ne crois pas au retour de la peste en cette saison,
de quoi avait-elle peur ? »
G CASTELET
« Hier soir, ma mère était dans le cabanon derrière la cuisine de l’auberge, par la petite
fenêtre entre ouverte elle a entendu un groupe d’hommes 3 ou 4, ils parlaient d’argent et
tu connais ma mère quand elle entend parler d’argent elle a une oreille de souris, l’un d’eux
disait que le ROI serait bientôt maître de son royaume et que plus jamais il ne comptera
son or aux fuyards de JERUSALEM »
PH DE BEAUNE
« Que sais tu d’autre ? »
G CASTELET
« Elle disait à PONTUS que c’était grave et que des jours sombres allaient venir »
PH DE BEAUNE
« C’est tout ! »
G CASTELET
« Non, PONTUS en faisant le signe de la croix a dit pitié pour les moines »
PH DE BEAUNE
« Il a dit pitié pour les moines ?! »
G CASTELET
« J’ai vu ma mère qui comptait sur ses doigts comme si elle comptait des jours »
PH DE BEAUNE
« Combien de mains ? »
G CASTELET
« 3 je crois »
PH DE BEAUNE
« Tu es sur de toi ! »
G CASTELET
« Oui 3 »
PH DE BEAUNE
« Ce qui pousse en 15 »
Le visage de GABRIEL avait retrouvé toute sa bonne mine, je le sentais apaisé.
Nous avons marché un peu et sans savoir pourquoi, brusquement je l’ai serré très
fort contre moi, comme quand la peur de l’inconnu fait de vous une carapace de fer.
Il me senti anxieux et seule sa gentillesse m’apporta le calme.
Chaque fois que je devais partir en mission, je lui donnais 5 pièces d’argent, ce jour
Je fis de même sans rien dire ou presque, j’avais peur pour lui. Ne possédant aucun
Argent propre je fis une demande spéciale au trésorier pour l’entretien de GABRIEL
Comme informateur au service du Temple pour son dévouement personnel.
PH DE BEAUNE
« Demain, je veux que tu te rende en BRAY
G CASTELET
« Chez les moines ! »
PH DE BEAUNE
« Je veux que tu remette cette dague à PIERRE DE CLAIREVAULT
mon cousin,tu y mangeras et tu y dormiras jusqu’à l’épuisement de tes 5 pièces
G CASTELET
« Pourquoi ?»
PH DE BEAUNE
« C’est un ordre, alors obéis moi »
En quittant la forêt de SAINT GERMAIN, je fis route vers le monastère de FRERE ROGER
DE TOCQUEVILLE afin d’y retrouver mon frère d’armes. Et sans plus attendre un galop
Effréné nous fit regagner PARIS.
CH DE LUSIGNY
« Pourquoi cette course, aurais-tu soudain peur des loups ? »
PH DE BEAUNE
« Peur des loups non, mais peur du ROI oui,
L’heure est grave rentrons au TEMPLE, je te parlerai entre nos murs »
CH DE LUSIGNY
« Encore un secret ! »
PH DE BEAUNE
« Oui »
Dès notre arrivée à la MAISON, je fis signe à mon sergent de prendre en charge
Nos deux chevaux et de veiller à leur bien être.
PH DE BEAUNE
« Suis moi dans la chapelle »
CH DE LUSIGNY
« Nous allons être en retard pour la grande prière de 18h00 »
PH DE BEAUNE
« Je sais, mais pour l’instant c’est à toi et à DIEU que je dois parler »
CH DE LUSIGNY
« Je ne t’ai jamais vu comme ça, je veux prendre ta confession »
Une fois seul dans la chapelle, loin de tous regards- MOI PHILIBERT
DE BEAUNE je mis genoux à terre devant DIEU, le front posé contre
mon épée. CHRETIEN se tenait en retrait de deux mètres, lui aussi genoux
à terre et le front en appuie contre son épée.
CH DE LUSIGNY
« Frère d’armes devant DIEU, je t’écoute »
J’ai commencé mon récit avec une voix éraillée comme au sortir de l’hiver,
Mais les mots étaient là et sonnaient juste. Mon frère savait qu’en ce lieu
Et face à DIEU chaque mot avait son importance. A la fin de mon récit, il
Se leva et parti l’épée à la main- Arrivé à la porte de la chapelle il me dit
De remercier DIEU et de le rejoindre dans l’appartement de notre MAITRE
ANTOINE DE CHATEAURENAUD.
CHRETIEN a compris la gravité de mes paroles et je savais sans qu’il me
Le dise qu’il allait, au pas de course, demander audience auprès du MAITRE
Pour qu’il nous reçoive dans l’heure ;
L’entrevue avec notre MAITRE fut de courte durée, il prit congé afin de faire
Le point sur cette affaire avec ses frères d’armes et nous pria de l’attendre dans
Le vestibule de sa chambre.
Une heure passa quand il réapparut le regard livide
A DE CHATEAURENAUD
« Suivez moi dit-il d’un ton sec et ferme, le GRAND MAITRE nous reçoit en audience privée.
En vivant à la cité, il était fréquent de croiser le GRAND MAITRE, mais le voir en audience
Privée pour débattre d’un fait sans preuve me déstabilise un peu, ce qui me réconforte c’est
Que je ne suis pas seul sur ce coup.
Autour du GRAND MAITRE JACQUES DE MOLAY se tenaient
D’autres frères tous en tenues et portant l’épée. Le GRAND MAITRE
Leva la main pour prendre la parole et faire taire les chuchotements autour
De lui.
J DE MOLAY
« Notre frère chevalier ici présenté PHILIBERT DE BEAUNE nous délivre
un récit fort étrange obtenu dans des circonstances aussi étranges que seul
DIEU pardonne, mais qui éveille à mon sens une prise de concertations
Immédiates sur le devenir de notre MAISON ici même à PARIS,
Les faits rapportés en cette quinzaine sont les seconds dans des propos différents
En prenant en compte les rapports de juin et de juillet, il n’y a plus de doute,
9 rapports allant tous dans le même sens, faisant état de la même visée
LE TEMPLE. Il est clair que le ROI de France n’entend plus partager avec nous
et tente de ravir nos droits dans le but de s’emparer de nos terres »
Pendant un cours instant un grand silence régna dans la pièce, les visages se tournant
Les uns vers les autres dans un désarroi complet cherchaient des réponses dans les
Yeux des autres.
J.DE MOLAY
« Si le roi veux le TEMPLE, nous ne pourrons pas lutter dans le temps, par contre
si le roi veux l’or de TEMPLE, en mettant les pieds ici dans nos murs il jugera de
lui même avec son regard de fourbe notre extrême pauvreté ».
Le dicton avait raison de la situation, le chien peut manger dans la main mais il
Peut aussi mordre la même main, méfie toi de qui tu reçois à table. Et notre
ROI PHILIPPE est un chien affamé de terres et d’or, donc doublement Dangereux.
J. DE MOLAY
« J’ai demandé un ordre de départ rapide pour une troupe légère de 20 chevaliers
accompagnés de leurs sergents respectifs soit un total de 60 hommes en armes sous
le commandement d’ARCHAMBAULT DE VESELAY, ayant pris note des conseils
d’ANTOINE DE CHATEAURENAUD, et à fin de consolider cette mission
il sera rejoint par PIERRE DE COLLONGES dont le frère chevalier réside sur l’île
de BRETAGNE, nous avons pris la décision d’ouvrir nos avants postes afin d’assurer
la sécurité du convoi qui fera route sous peu, le chevalier ARCHAMBAULT a pour
ordre d’ouvrir les relations de bon accueil dans les maisons qui nous sont fidèles
sur la route du nord, celui-ci ayant son ordre de départ en poche quittera la cité
demain dans la matinée. Les brouillards qui couvrent PARIS en cette période nous
donneront un avantage sur nos différentes sorties ».
Le GRAND MAITRE ordonna une réunion de grand conseil à minuit dans la salle des gardes.
Quand on est convoqué par le GRAND MAITRE à minuit et qu’il est à peine 21h00
Je peux vous dire que chaque minute semble une éternité ;
L’heure du repas avait sonné, j’avais faim sans avoir envie de manger, mon sergent
Insista pour le repos de mon âme. La fatigue étant là, je fis un somme rapide sur le
Bord de la table jusqu’à ce que CHRETIEN en personne stoppa mon rêve
Par une tape dans le dos. C’était l’heure.
Contrairement à ce que je pensais tous les frères templiers n’étaient pas présents,
Sur les 175 chevaliers vivant à la COMMANDERIE, sans compter les 350 sergents
Templiers et la centaine d’archers nous n’étions que 54 en comptant
Le GRAND MAITRE JACQUES DE MOLAY, devant lui il y avait une grande
Table avec une grande quantité de rouleaux. Je savais que c’était des ordres de
Mission car au cours de ma vie de MOINE SOLDAT j’en avais reçu plusieurs
Et ceux-ci en étaient. D’un rapide coup d’œil CHRETIEN en dénombra 53,
Une série de 3 et 10 séries de 5, des rouleaux noués de rubans de différente couleur,
En blanc, en rouge et en noir.
Je m’attendais à ce que le GRAND MAITRE prenne la parole, mais tout était là,
et visiblement il n’y avait rien de plus.
JACQUES DE MOLAY avait fait le point avec son conseil et la situation devait
S’en tenir à ces feuilles de route. Il fit un discret signe de la tête en direction de l’un
De ses conseillers le Chevalier ROCH DE SAINT-LOUP
R. DE SAINT-LOUP
« Frères chevaliers à l’appel de votre nom un rouleau portant votre nom vous sera
remis, ces feuilles de routes vous conduiront pour certains d’entre vous en des lieux
très éloignés les uns des autres sans possibilité de retour. Les blancs prennent la route
du nord dans 2 jours, suivit des rouges en direction de l’est et des pays du centre, les
noirs feront route en pays d’oc à partir de dimanche. Je vous demande maintenant de
rejoindre la chapelle et de procéder à la lecture de vos parchemins, s’en suivra une
longue prière pour vous retrouver tous unis avant le grand départ."
Notre MAITRE ANTOINE passa la nuit dans l’étude des cartes pour
Revoir l’itinéraire établi afin d’y apporter des modifications de dernières
Minutes et d’être sur d’une route rapide et sécurisée, sa nuit ne dut pas être
Simple car il la passa en compagnie d’ARCHAMBAULT dont le caractère
Ombrageux était connu de tous et de CHRETIEN qui avait pour habitude de
ne rien concéder mais tous deux sont connus pour avoir de très bonnes
connaissances géographiques des lieux. Vers 4h00 du matin je pris congé d’eux
emporté par un sommeil de plomb et afin de ne pas perdre de temps en traversant
salles, cours et corridors,je fis un rapide somme dans l’escalier de service qui
conduit à la salle des coffres du deuxième étage. Un garde me réveilla à 6h00
précise Je devais rejoindre CHRETIEN DE LUSIGNY au plus vite afin de
prendre connaissance du résultat établit.
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